An Binh, avec tout mon respect

Le mythique delta du Mékong, le grenier à riz du Vietnam. Une région à découvrir, un des multiples visages du Vietnam. Nous choisissons d’explorer plus particulièrement la région de Vīnh Long ainsi que l’île de An Binh, plus calme et moins populeuse. Pour tenter de mieux comprendre le mode de vie des habitants de la région, nous choisissons un séjour dans un homestay, chez un Vietnamien et sa famille.

Avec l’aide de la préposée aux voyages de notre hôtel à Saïgon, nous réservons le homestay par téléphone et achetons notre trajet en bus. C’est simple, non? La veille de notre départ, la jeune femme nous informe qu’il n’y a pas de bus direct tel que prévu le lendemain, mais qu’elle a organisé notre voyage autrement. En bus local vietnamien, parfait pour nous! Elle s’est occupée des relais lors de toutes les transitions car nous devons changer de moyen de transport à plusieurs reprises.

Tôt le lendemain matin, elle nous accompagne en taxi au terminal d’autobus, achète nos billets, me présente un jeune homme à qui elle remet une enveloppe et nous dit au revoir avec un grand sourire.  Trente minutes plus tard, un autobus s’arrête, l’homme nous fait signe d’entrer et remet l’enveloppe au chauffeur avec des instructions en nous pointant. J’ai compris plus tard que l’enveloppe contenait l’argent pour les deux autres trajets suivants avec le numéro de téléphone de notre hôte afin de l’avertir de l’heure de notre arrivée, tel que prévu la veille. Je dois vous avouer que pour deux routards comme nous, habitués à nous organiser par nous-même, c’est tout un exercice de lâcher prise. Dans ce contexte où nous ne parlons pas la langue du pays, nous regrettons de ne pas avoir par écrit les noms des endroits de transit afin de les montrer en cas de pépin. Après tout, notre voyage consiste en 5 étapes au lieu de deux! Mais notre organisatrice ne voyait aucun risque dans notre périple. « Don’t worry everything will be fine. » Elle avait raison. Sur le bus, nous faisons connaissance avec une jeune Vietnamienne qui parle anglais, nous discutons de voyage puisqu’elle en est aussi passionnée et aussi un peu de son pays. Notre trajet s’effectue comme une horloge bien réglée, notre hôte nous attend devant le ferry et le temps de le dire, je me retrouve sur l’île de An Binh, assise derrière la moto de l’hôtesse du homestay avec mes bagages, la sixième étape de la journée!

Et nous saluons rapidement notre jolie Vietnamienne qui arrive aussi à destination, ses parents habitent à deux pas du homestay.

Notre gîte est assez rudimentaire mais suffisant pour nos besoins. Partager les aires communes avec une famille vietnamienne et d’autres touristes, cela ne nous arrive pas souvent! Heureusement, nous sommes tombés encore une fois sur des gens bien et la cohabitation se déroule bien. La maison est située à environ un kilomètre du débarcadère et nous décidons de retourner à la ville de Vīnh Long pour prendre une bouchée pour le repas du midi et visiter le marché.

Les voitures ne peuvent circuler sur toute les routes de l’île car plusieurs des petits chemins de béton qui relient les maisons et les hameaux ne sont pas suffisamment larges. Il reste donc la moto, le vélo ou la marche! J’oubliais le bateau car l’île est sillonnée de petits canaux navigables. Marcher le kilomètre qui nous relie au ferry est un peu stressant pour nous,  les motocyclistes nous frôlent d’un peu trop près et les vélos, plus silencieux nous surprennent un peu s’ils arrivent derrière nous. Mais nous sommes prudents, ne vous inquiétez pas. Se ranger et céder le passage allonge la durée de notre trajet mais peut-être aussi celle de notre espérance de vie! Alors pas de chance à prendre.

Monter sur  le ferry est aussi toute une aventure et nous avançons en compagnie de motos, de cyclistes et de piétons comme nous. Tout le monde en même temps! C’est tout un périple, même sans nos bagages cette fois-ci. Mais je ne voudrais pas céder ma place pour rien au monde!

Le lendemain nous profitons d’une longue randonnée sur l’eau, une belle façon de visiter le delta et ses marchés flottants. Nous partons tôt, vers 6:00 du matin avec un petit déjeuner composé d’un petit pain, une banane, un morceau de fromage et heureusement, du café vietnamien. Assis confortablement, en dégustant notre repas frugal, nous découvrons la vie sur le delta en compagnie d’une adorable famille de Nouvelle-Zélande. Les maisons sont construites principalement le long des canaux, les terres centrales étant réservées principalement aux cultures. En nous promenant, nous observons la routine matinale des gens qui habitent sur un bateau ou dans les maisons flottantes. Toilette du matin, petit-déjeuner, nettoyage de la cuisine…une vie au grand air bien sûr, mais aussi à la vue de tous. Je me garde une petite réserve pour certaines photos. Respect oblige.

Graduellement, nous prenons conscience de la pollution des eaux, elle est omniprésente. L’eau est brune et nous semble un peu boueuse. Le Mékong prend sa source en Chine et longe la Thaïlande, le Laos et termine sa randonnée au Vietnam, dans la mer de l’Est. Déjà, il y a plusieurs années, une randonnée sur le fleuve au nord de la Thaïlande nous avait fait découvrir une eau plutôt brune.

Aujourd’hui, à plusieurs endroits de notre parcours, nous observons des égouts se déverser dans l’eau. L’odeur ne trompe pas et confirme nos impressions. Je me questionne sur la salubrité de cette eau qui irrigue la région et qui nourrit tant de personnes.

Notre embarcation traverse le marché flottant de Cái Be où se font des transactions de toutes sortes, d’un bateau à un autre. Les fruits et légumes sont en profusion et chaque bateau arbore le produit qu’il propose attaché au bout d’une longue perche. Les activités de ce marché ressemblent à une immense chorégraphie sur l’eau.

Notre balade se continue dans de plus petits canaux. Une femme traverse lentement un pont qui surplombe le canal, elle porte pantalons longs, un chandail à manches longues et un masque de tissu fleuri pour se protéger du soleil et de la poussière, comme bien des femmes au Vietnam. Un enfant se promène en vélo en suivant le bateau, le long d’un sentier. Un homme répare le moteur de son embarcation, d’autres pêchent. Des ouvriers chargent du sable retiré du canal sur une embarcation plus grande avant qu’il soit acheminé vers une autre destination. C’est dimanche et tout semble fonctionner au ralenti.

Nous revenons de notre balade avec plus de questions que de réponses. Comment vivent ces familles? Nous avons visité quelques confiseries qui emploient du personnel.  Sur l’île de An Binh, il y a une importante usine de sauce au poisson et nous avons croisé plusieurs entreprises qui s’adonnent à la pisciculture. Il y a le tourisme bien sûr et l’agriculture. Malgré que nous croisons de très jolies résidences sur notre parcours, de l’autre côté de la route, celles qui longent le canal nous apparaissent très modestes. Des gens qui travaillent fort pour assurer leur survie et qui s’affairent à leurs tâches avec une énergie qui continue de nous surprendre en raison de la chaleur intense.

Nous quittons An Binh en restant un peu sur notre faim en ce qui concerne la vie dans le delta. Nous avons à peine vu nos hôtes. Ils étaient très occupés. Comment la population s’accommode t-elle des conditions d’hygiène que nous avons observées? D’où vient l’eau consommée? Est-ce qu’une sensibilisation est faite auprès de la population? Au gîte nous avons même observé des membres de la famille jeter naturellement leurs détritus dans l’eau en les lançant par dessus le balcon. Et cela malgré la présence de bacs devant la maison. Que de questions sans réponse…

Nous prenons l’avion le lendemain matin en saluant bien bas cette population qui a tout notre respect. Une belle étape, qui nous a permis de rencontrer sur le bus une jeune vietnamienne venue à An Binh de Ho Chi Minh pour visiter ses parents. Une belle jeune femme, bien de son temps, avec qui je garde le contact. Mais notre visite fut trop courte.

7 réponses à “An Binh, avec tout mon respect

  1. Merci de nous partager votre aventure. Je suis impressionné par vos découvertes et vos photos. Les couleurs ressortent bien.
    Au plaisir de vous relire

    Carmen et Denis

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  2. C’est toujours un plaisir de partager nos expériences. Pour les photos, je suis bien contente des performances de mon nouvel achat. À la prochaine! Xxx

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  3. Bonjour a vous deux on se croirait a un reportage des grands explorateurs très bien documenté en images et reportages

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  4. Quel dépaysement et j’imagine, quel dépouillement! On a l’impression que vous naviguez dans une autre époque. Jocelyne, tu réussis à merveille à rendre ce que vous voyez.
    Ce quotidien ressemble si peu au nôtre.
    Carmen

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  5. Merci de nous faire vivre par les textes toujours bien imagés et les magnifiques photos votre fin de périple au VietNam comme si nous y étions
    JaRo

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  6. Oh… C’est dépaysant, ça fait rêver… Je connais un petit garçon qui rêverait de ces étalages de fruit-dragons…
    Un jour, il faut vraiment qu’on trouve le moyen de vous rejoindre pour une de vos étapes!

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