Retour à Siem Reap

Les fêtes de Noël et du premier de l’An sont toujours un peu délicates à vivre lorsque nous sommes en voyage. Est-ce parce que les fêtes habituelles de notre pays, nous manquent? Pas du tout. Nous pensons souvent à notre famille et à nos amis, mais les communications sont si faciles de nos jours que la distance n’a plus beaucoup d’importance. C’est pour une autre raison que nous devons porter attention à ces périodes de l’année: la montée des prix de l’hébergement. Même si Noël n’est pas une fête Cambodgienne, la saison touristique bat son plein, plus de visiteurs profitent de leur congé pour visiter le pays et les prix augmentent de façon vertigineuse, pour redescendre dès le lendemain du Jour de l’An. Il devient difficile de se trouver un hébergement convenable, à un prix abordable. À chaque année, nous essayons de prévoir le coup et de choisir d’avance un endroit où nous serons bien.

Cette année, nous avons passé Noël à Siem Reap, près des temples d’Angkor. Nous avons loué une chambre dans un petit hôtel où nous avons déjà séjourné. Situé dans une petite ruelle près du marché Psar Chaa et de Pub Street, le Neth Socheata est un peu en retrait de leur activité étourdissante. Nous connaissons les services de ce quartier, nous pourrons nous y reposer et faire ce que nous aimons le plus…explorer.

 

 

En arrivant à l’hôtel, nous apercevons plusieurs paires de sandales, bien rangées sur les marches à l’extérieur. J’avais oublié! Nous devons enlever nos chaussures avant d’entrer, un support à souliers est même prévu à cet effet, tout près de la porte. J’adore cette habitude et nous l’appliquons à la maison. J’aime l’idée d’entrer pieds nus dans notre espace privé. Ce qui vient de l’extérieur reste à l’extérieur autant sur le plan physique que spirituel. Lorsque nous marchons dans la rue, nous piétinons des surfaces souillées et garder nos chaussures dans la maison impliquerait entrer ces saletés dans notre intérieur. Quant aux inquiétudes et aux soucis, mieux vaut les laisser à l’entrée, avec les souliers. C’est un peu l’impression que nous avons en entrant à l’hôtel Neth Socheata.

Après avoir enlevé nos souliers, nous nous dirigeons vers la réception pour nous enregistrer. Le plancher est étincelant! Notre chambre est au 5e étage et il n’y a pas d’ascenseur. Cela aussi je l’avais oublié. Heureusement, nous avons peu de bagages et nous sommes plus en forme qu’au début de notre voyage, à notre arrivée au Cambodge. Nous gravissons ces étages facilement, sans être essoufflés, contrairement à celles de l’hôtel de Phnom Penh où les 4 étages nous semblaient sans fin. Nous devions même arrêter pour reprendre notre souffle et reposer nos muscles en feu.

Notre chambre est spacieuse et le balcon donne sur les toits, tout à fait ce que nous recherchons.

Le petit resto de l’hôtel est de l’autre côté de la même ruelle, juste en face. Entièrement rénové, il a gardé le même esprit familial. Nous avons tout ce qu’il faut! Même une petite buanderie au coin de la rue. Cela fait du bien de revenir dans ce coin de pays que nous aimons. Nous retrouvons le même chauffeur de tuk tuk qu’il y a trois ans. C’est avec lui que nous redécouvrirons les temples de l’époque angkorienne. Il dit qu’il nous reconnaît, mais j’ai mes doutes… les souvenirs qu’il a de nous ne ressemblent en rien aux nôtres!

Notre première journée à Siem Reap nous mène au Musée National d’Angkor. Mieux vaut nous plonger dans l’ambiance de la grande civilisation Khmer avant de retourner dans les temples. Nous louons un guide audio, cela vaut la peine. Nous commençons à nous démêler dans toutes ces dynasties, les religions et la mythologie qui s’y rattache. Ce ne sont pas des notions que nous avons apprises à l’école, nous devons les découvrir, les apprivoiser et tenter de les comprendre. Ce n’est pas simple, mais très intéressant.

Cette fois-ci, nous saisissons mieux des nuances qui nous avaient échappé lors de notre première visite. Par exemple, les religions des temples d’Angkor. Nous savions que les dieux des religions hindoue et bouddhiste s’y côtoient sans problème et que des cérémonies religieuses s’y tiennent toujours. J’ai compris pourquoi. Construits sur plusieurs siècles, les premiers temples étaient de religion brahmanique, l’ancêtre de l’Hindouisme tel que nous le connaissons aujourd’hui. Le Bouddhisme a été introduit graduellement à travers les siècles. Contrairement à d’autres civilisations, les rois successifs n’ont pas détruit les constructions de leurs prédécesseurs, ils ont plutôt agrandi ces villes immenses qu’ils considéraient le centre du royaume Kmer.

Pouvez-vous imaginer qu’à une époque, le royaume Khmer s’étendait non seulement sur le Cambodge actuel, mais sur de grandes parties du Laos, de la Thaïlande, du Vietnam, de la Malaisie et de la Birmanie? Angkor en était le centre. Son territoire comprenait des villes complètes, avec des structures de bois aujourd’hui disparues, des édifices construits avec raffinement, des canaux et des routes. Les travaux ont été effectués à partir du IX jusqu’au XIV siècle de notre ère et ce à travers diverses dynasties.

 

 

Angkor Wat, construit sous le règne du roi Suryavarman II, était dédié à Vishnu et protégé par des douves. Angkor Thom, quant à lui, a été développé par le roi Jayavarman VII, connu pour son amour envers son peuple. Il aurait fait construire des hôpitaux et il est souvent représenté en train de méditer. Nous lui devons deux de mes temples préférés: le Bayon et Preah Khan.

 

 

Les deuxième matin de notre arrivée, nous prenons le tuk tuk avec notre chauffeur, bien décidés à ne voir que les principaux temples d’Angkor. Les limites de la langue finissent par avoir le dernier mot. Notre chauffeur s’ajuste à nos demandes, mais ne saisit pas les détails et le circuit allégé qu’il nous propose ne correspond pas à nos intérêts. C’est ainsi qu’un peu malgré nous, notre passion a été la plus forte. Nous visitons Angkor pendant deux jours…sous un soleil ardent, généreusement enduits de crème solaire et munis de nos bouteilles d’eau.

La magie est toujours au rendez-vous. Plus encore que je l’aurais imaginé. Robert avait un peu peur d’être déçu et de ne pas retrouver la même émotion qu’à notre première visite. Mais nous nous prenons au jeu. Selon notre douce habitude, mon amoureux me fait la lecture à l’entrée de chacun des temples, assis dans le premier coin ombragé que nous rencontrons. C’est le bonheur. Nous aimons les vieilles pierres et leur histoire.

 

 

Nos temples préférés sont les mêmes qu’à notre visite précédente…le Bayon avec ses immenses têtes à quatre visages et Preah Khan avec ses longs couloirs enchevêtrés. Ta Prohm est impressionnant lui aussi, mais il est tellement bondé! Tous se marchent sur les pieds, les bus remplis de touristes débarquent en horde bruyante. Ils prennent toute la place pour prendre des photos à profusion devant les arbres gigantesques qui ont pris racine sur les murs anciens. Ce temple est magnifique, sans aucun doute, mais le fait de nous faire bousculer sans cesse enlève un peu au charme de l’endroit et nous empêche de l’apprécier pleinement.

 

 

Angkor Wat est immense et bien conservé, nous retrouvons avec plaisir le mur relatant une scène du barattage de la mer de lait, finement ciselée. Nous poussons l’aventure jusqu’à Banteay Srei, un peu en dehors de la ville, mais dont le style soigné vaut amplement le déplacement.

 

 

En raison des cérémonies religieuses qui se tiennent toujours dans les temples, les règles concernant l’habillement se sont un peu resserrées, ce qui n’est mal en soi. Nos épaules et nos genoux doivent être couverts, sous peine de se voir refuser l’entrée. Les moines bouddhistes sont partout dans les temples et leur robe orangée tranche sur les teintes grises ou rosées des vieilles pierres. À Siem Reap, un bonze vient réclamer ses offrandes du matin au resto de l’hôtel et faire des prières avec la propriétaire. C’est un beau moment de la journée.

 

 


Nous profitons pleinement de notre séjour. Plusieurs petits restaurants se sont ajoutés à l’offre touristique, mais nous retrouvons avec plaisir le New Leaf book cafe. Une entreprise sociale où il fait bon déguster la cuisine Kmer. J’ai mangé vegan et c’était délicieux! De plus, 30% de ses profits est offert à des projets favorisant l’éducation des enfants et un autre 20% est divisé entre les employés cambodgien. Ce n’est pas négligeable. Nous retrouvons plusieurs de ces endroits au Cambodge où les profits sont versés à une cause sociale.

Nous nous sommes offert un interlude en prenant soin de nos pieds qui ne comptent plus les distances parcourues. Avec une légère appréhension, nous les avons trempés dans des aquariums remplis de petits poissons. Ils ont fait un festin de nos petites peaux mortes. Pas besoin de vous dire que cela surprend un peu au début, mais c’est une expérience agréable et reposante.

Un peu partout, nous apercevons une offre de service qui change de plus en plus, des écoles qui enseignent un métier à une jeunesse à risque, des jeunes fiers de suivre des cours de langue ou d’hôtellerie. La majorité de la population cambodgienne est composée de jeunes…que feront-ils de leur pays?

4 réponses à “Retour à Siem Reap

  1. Tu me rappelles mes souvenirs très récents encore. Toute cette histoire, toute la gentillesse des gens. Notre guide prenait plaisir à nous faire des blagues. Nous y étions pendant la fête de l’eau très célébrée avec une foule dense partout. J’imagine bien l’ambiance que vous avez connue en cette période de congé.

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    • Nous avons souvent pensé à toi en visitant Angkor. Nous avons tellement aimé! En ce qui concerne la fête de l’eau tu as eu beaucoup de chance d’y participer. Elle devait être plus vivante que celle de Noël qui n’est pas une fête Cambodgienne. Par contre, nous serons sur le point d’entrer au Laos au moment du Nouvel An chinois…nous verrons bien ce que cela donne. Merci de faire partie du voyage. Xx

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  2. Un autre bel article! Merci de partager!

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