Antigua, à l’ombre des volcans.

Nous allons débuter la nouvelle année à Antigua, à l’ombre des volcans. Ville rêvée pour faire la fête ou pour se détendre, en amoureux ou en famille, Antigua offre un cadre bien différent de Livingston, que nous venons de quitter. Située en montagne, son architecture coloniale a tout pour charmer ceux qui rêvent d’ailleurs, comme nous. Avec sa gastronomie variée, ses bons restaurants, sa cuisine de rue, Antigua séduit. Tout est délicieux. Son ambiance aussi, presque magique. Nous y passerons une semaine.Nous sommes arrivés à Antigua après une longue journée d’autobus.

L’autobus nous dépose à la Ciudad Guatemala en fin d’après-midi. Nous avons quitté Puerto Barios depuis plus de huit heures et nous sommes encore à 45 minutes de notre destination finale. Le microbus pour Antigua quitte à 19:00 heures, nous avons deux heures devant nous. Nous ne sortirons pas du terminal d’autobus, le quartier n’a rien d’attirant et la lumière du jour décline. À l’heure dite, nous attendons dehors devant le minivan qui doit nous emmener, le terminus est fermé depuis plusieurs minutes. Je suis transie. Il fait froid à Ciudad de Guatemala en soirée. Le chauffeur nous propose d’entrer dans le microbus et disparaît après nous avoir assigné des places, sans rien ajouter de plus. Le temps s’écoule et nous sommes plusieurs à patienter, sans comprendre. Nous finissons par réaliser qu’un autre autobus tarde à arriver et que l’un de ses passagers doit se joindre à nous. Malgré notre inconfort, nous comprenons qu’il vaut mieux que nous attendions. Tous les commerces environnants sont fermés à cette heure-ci. Des gardiens de sécurité montent la garde dans la cour du terminus, malgré les hauts murs qui le clôturent. Le quartier ne paie pas de mine. Nous n’aimerions pas être laissés pour compte dans cet endroit, en pleine noirceur.

Nous arrivons donc assez tard à Antigua, un peu à l’envers d’avoir passé autant de temps dans l’autobus, sans avoir mangé un repas décent depuis le petit-déjeuner. Nous sommes fatigués et complètement congelés malgré nos vêtements chauds. Après une bonne soupe, nous allons au lit. Tout ira mieux demain, nous le savons par expérience.

Le lendemain matin, nous découvrons la ville sous un soleil qui nous réchauffe à peine. Il fera plus chaud en après-midi. Tout est calme autour de nous, les rues bordées de maisons colorées nous réconfortent. Antigua déploie son charme. Blottie dans les montagnes à plus de 1500 mètres d’altitude, elle est entourée de trois volcans: le Fuego, l’Agua et l’Acatenango, visibles de partout dans la ville. Le Fuego crache de la cendre et de la fumée à toutes les dix minutes, jour et nuit. C’est tout un spectacle!

Même si elle a conservé son style colonial, la ville a dû être reconstruite à plusieurs reprises depuis sa fondation en 1543. À cause des irruptions volcaniques? Pas du tout. Mais plutôt suite aux tremblements de terre, aux inondations et aux avalanches qui l’ont presque détruite. Fière capitale du pays, elle s’appelait Santiago de Guatemala. Lors du séisme de 1773, les dommages étaient tels que les autorités ont déplacé les services administratifs vers la Ciudad Guatemala, devenue la nouvelle capitale. C’est ainsi que Santiago a acquis son nom actuel: Antigua de Guatemala, l’Ancienne. Aujourd’hui encore, plusieurs ruines d’églises, de couvents et d’écoles sont dispersées dans tous les coins de la ville. Certaines sont condamnées et doivent être admirées de la rue, d’autres peuvent être visitées, comme la cathédrale Santiago. D’autres ont simplement été utilisées pour reconstruire des restaurants ou des musées. Nous pouvons alors contempler ce qui en reste et imaginer la beauté de ces lieux avant les cataclysmes.

Nous somme très heureux du choix de notre hébergement à la Posada La Merced Antigua. Les employés de l’hôtel sont d’une grande gentillesse et nous apprécions les petites douceurs qu’ils nous offrent. Ils sont pleins d’attentions et à l’affut de nos besoins, parfois même sans que nous ayons à les exprimer. Une nuit, nous avons eu froid et nous avons replié la couverture supplémentaire en deux afin d’avoir deux épaisseurs. Le lendemain, après le nettoyage de la chambre, nous avions une épaisse couverture de plus sur le lit. Une belle surprise. Nous n’avons plus eu froid.

La Posada de la Merced est située près de tout. Sa grande terrasse sur le toit, bien aménagée, devient notre refuge en après-midi alors que le soleil est à son plus fort. Nous y admirons les couchers de soleil et le Fuego offre un spectacle fantastique. Mieux vaut en profiter, la vue est superbe et je ne m’en lasse pas.

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Les volcans qui dominent la ville ont souvent la tête dans les nuages. Antigua, Guatemala.

Pendant les jours qui suivent, nous découvrons avec plaisir les restaurants et les cafés. Nous arpentons les rues et admirons les maisons bien entretenues. Le centre-ville est attrayant avec ses rues de pierres et ses édifices peu élevés.

Fidèles à nos habitudes, nous avons exploré le marché. En fait, il y en a trois, ils sont voisins. Le premier offre des produits en tous genres, des vêtements aux articles de la vie de tous les jours. Juste à côté, le deuxième regroupe plusieurs boutiques qui vendent des produits d’artisanat locaux. Ils sont de bonne qualité et le choix ne manque pas. C’est un bon endroit pour acheter des souvenirs. Le troisième est le marché de fruits et légumes, mon préféré. Toute la culture de ce pays s’y trouve à l’état pur. En le parcourant, nous remarquons que tous les étals de fruits vendent de très gros raisins rouges, placés bien en vue. J’apprendrai plus tard que c’est la coutume d’en consommer à l’occasion de la nouvelle année. Manger 12 raisins la nuit du Nouvel An, un pour chaque mois de l’année porterait chance. Pourquoi s’en priver?

Lors de la visite de l’hôtel Casa Santo Domingo, construit sur les ruines de l’église et du couvent de Santo Domingo, nous arrêtons à une exposition temporaire qui se tient dans l’une des salles de ce magnifique hôtel. Nous sommes émerveillés par le talent de ces artistes peintres contemporains. Nous nous amusons discrètement à choisir notre toile préférée. L’une d’entre-elles attire mon attention par son style particulier, différent des autres toiles.  Cette œuvre me transporte dans un autre univers et me fait rêver. Comme nous quittons la pièce, un des jeunes hommes qui nous avait accueillis à l’entrée, s’approche et demande notre appréciation de l’exposition. Finalement, il demande quelle toile est notre préférée. Je lui indique celle qui m’a le plus touchée. Il fronce les sourcils, je maintiens ma position. À sa demande, j’explique mon choix. Il m’écoute attentivement et insiste:

– Qu’est-ce que nous changeriez dans cette toile?

– Rien! Absolument rien.

– Vous ne changeriez rien?

Je secoue la tête:

– Rien. Pourquoi nous posez-vous ces questions?

Notre interlocuteur hésite:

– Parce que les artistes veulent connaître l’avis des visiteurs et…

Visiblement secoué, les joues rosies, le jeune homme ajoute qu’il est l’auteur de ma toile préférée! Nous repartons après une belle discussion et sa carte d’affaires en main. J’irai sur son site afin de voir ses autres œuvres.

Nous profitons de la semaine pour faire laver nos vêtements à la lavandaria et réviser notre plan de match pour la suite de notre séjour au Guatemala. Il fait très frais. Même si la température est plus agréable en journée, les nuits sont froides. Les maisons ne sont pas chauffées et elles sont humides, mon amoureux trouve cela difficile. Moi aussi d’ailleurs. Après réflexion, nous décidons d’éviter les villes de montagnes que je souhaitais explorer. Il y fera encore beaucoup plus froid. Nous irons donc plus rapidement que prévu vers le Petèn, la température y sera plus confortable.

Si Livingston a souligné Noël avec des pétards, Antigua attend la nouvelle année dans les rues avec des feux d’artifice à minuit. C’est l’occasion de se rencontrer entre amis et de prendre un verre debout dans la rue, en petits groupes. Le centre-ville est fermé à la circulation et des familles complètes se promènent. Même s’il est très difficile de circuler et de se frayer un chemin, je suis ravie de ce bain de foule. C’est la fête, mais une fête tranquille malgré l’animation qui nous entoure.

La nuit est fraîche et j’ai besoin de me réchauffer un peu. Installés dans un resto pour déguster un breuvage chaud, nous sommes seuls à notre table. Il y a foule et plusieurs personnes attendent qu’une table se libère. Nous invitons une famille guatémaltèque à nous rejoindre. Cette famille vit à Antigua et nous parle des habitudes des habitants de la ville en cette nuit du premier de l’An et se renseignent sur les habitudes de notre pays. Nous passons une excellente soirée. Cette belle rencontre restera dans nos souvenirs.

La propriétaire de l’hôtel nous affirme que la vue de la terrasse de l’hôtel est le meilleur endroit pour débuter la nouvelle année. Nous quittons à regret les rues animées pour nous réfugier sur le toit de l’hôtel. Ici, en pleine noirceur, le calme contraste avec la frénésie de la rue. Sur le coup de minuit, nous comprenons à quel point l’aubergiste avait raison. Tout autour de nous, des feux d’artifices éclatent, dans tous les coins de la ville. Nous apercevons même ceux des villages environnants, situés à flanc de montagne. Impossible de tout voir et nous ne savons où regarder. Mon cœur bat la chamade, c’est trop beau! Notre hôte nous offre des raisins et un verre de champagne. De tout notre cœur, nous souhaitons, pour nous et pour vous tous, la meilleure année possible, dans l’amour et la paix. C’est ainsi que main dans la main, notre famille et nos amis dans nos pensées, nous franchissons la nouvelle année, émerveillés par tant de beauté.

2 réponses à “Antigua, à l’ombre des volcans.

  1. Tes récits sont toujours aussi captivants et imagés chère Jocelyne.
    Merci de partager ces beaux moments de voyage avec nous!
    Lise
    xxx

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