Archives mensuelles : décembre 2016

Noël loin des siens

Cette année encore, mon amoureux et moi passons les fêtes de Noël loin de chez nous. Loin des nôtres et de tous ceux que nous aimons.

L’hiver nous apparait idéal pour partir à l’aventure pendant plusieurs mois. Le temps de Noël et du Jour de l’An n’a pas un attrait si important à mes yeux et la cohue de cette saison ne me manque pas du tout. Ceux que j’aime, oui! Mais, j’imagine qu’ils me manqueraient autant si nous partions l’été.

Cette année, nous passerons cette période de festivités à San Miguel de Allende, une ville construite à flanc de montagne, située à 4 heures de route au nord de Mexico. Nous y avons loué un condo pour trois mois, de décembre à février, notre première expérience de location pour une période aussi longue. Habituellement, nous nous déplaçons à tous les deux ou trois jours, sauf aux rares moments où nous éprouvons le besoin de déposer nos valises pour une semaine.

Le Mexique devient donc notre terre d’accueil pour cette année. Les premiers préparatifs pour la fête de la Navidad nous apparaissent dès la mi-novembre alors que nous parcourons le Yucatàn avec notre petite voiture de location. Les arbres montés et décorés sur les places centrales, les magasins de tissus arborant des motifs de Noël, les décorations en vente un peu partout, nous sentons l’énergie de la saison s’installer graduellement. L’apparition de toutes ces merveilles pour les yeux nous réjouit, non seulement tout au long de notre périple vers Mexico, mais en surcroit sous un soleil radieux.

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Nous observons la construction de l’arbre de Noël de la ville Oxkintok, le premier que nous apercevons cette année, Yucatán, Mexique.

C’est à Mexico que les préparatifs nous épatent le plus et pour cause. Au Centro Historico, un gigantesque sapin est monté juste en face de la cathédrale. D’immenses grues sont nécessaires pour réaliser le projet et nous décidons d’observer les opérations tout en haut du Gran Hotel de Mexico, le temps d’un souper. Le resto sur le toit offre une vue plongeante sur le zócalo et les édifices environnants. En plus d’avoir une vision panoramique sur les travaux autour du sapin, nous observons ceux de la construction d’une immense patinoire, juste à côté. Justement, des hommes l’arrosent à partir de camions citernes stationnés tout près. Je n’ose même pas penser à l’empreinte écologique laissée par cette immense étendue de glace. La nuit, à Mexico, le mercure ne descend jamais jusqu’à zéro alors que le jour il atteint parfois les 23 ou 24 degrés en après-midi. Mais il faut bien l’avouer, cette immense patinoire à ciel ouvert permet aux Mexicains de vivre une expérience réservée habituellement aux pays nordiques.

Au même moment, de l’autre côté de la rue, d’énormes décorations sont hissées sur les devantures des édifices coloniaux qui bordent l’immense place centrale, la deuxième plus grande au monde, après celle de Moscou. Pas besoin de vous expliquer l’intensité des émotions ressenties ici lorsque tout est fin prêt et illuminé. C’est grandiose…et émouvant. Nous avons vécu cette expérience il y a quelques années lorsque nous avons marché sur cette place devenue magique, en compagnie de milliers de Mexicains. Je ne l’oublierai jamais et je n’ai qu’un seul regret: cette année, nous serons loin de Mexico au moment où tout sera terminé.

Nous ne sommes pas en reste à notre arrivée à San Miguel de Allende. Partout les arbres de Noël ornent les devantures des magasins, des restaurants et des hôtels. Celui devant la Parroquia, la basilique qui veille sur le zócalo central, se dresse toujours aussi beau que les années précédentes. Des piñatas sont suspendues sous les arcades des édifices environnants et un ciel de lumières déployé au dessus des rues qui mènent au jardin principal. Ces rues sont fermées à la circulation et permettent un accès sécuritaire à la place centrale ainsi qu’à ses commerces.

Le 12 décembre, nous avons un avant-goût des activités religieuses traditionnelles. C’est la fête de la vierge de la Guadalupe, très vénérée au Mexique. Les activités durent trois jours, avec des feux d’artifices tous les soirs. Le Mexique est un pays catholique et ses fêtes en témoignent bien.

San Miguel de Allende étant une ville très appréciée par les touristes, nous assistons, quelques jours avant Noël, à l’arrivée de vacanciers. Ils arrivent d’un peu partout: des Etats-Unis, de l’Ouest canadien et bien sûr, des autres régions du Mexique. Des familles entières se regroupent et les enfants dégustent des sucreries ou s’amusent avec les ballons achetés au marchand ambulant. Certains passants admirent l’immense crèche montée sous le pavillon central du parc avec des animaux vivants qui broutent juste devant. Le jardin s’est paré de poinsettias rouges, leur couleur flamboyante  tranche sur le vert des arbres parfaitement taillés.

Un peu plus tard, en soirée, des musiciens de rue donnent un spectacle et plusieurs passants s’arrêtent pour suivre les rythmes entraînants. Nous sommes habituellement peu friands des villes très touristiques mais San Miguel de Allende a su garder son allure coloniale et franchement, toute cette activité de gens heureux est tout simplement délicieuse! La ville a revêtu son manteau des jours de fêtes pour le plus grand bonheur des promeneurs. Nous aimons beaucoup.

Le soir de Noël, nous avons une surprise en traversant le parc, les cloches de La Parroquia résonnent à toute volée devant des centaines de personnes réunies comme tous les soirs sur la place centrale. Pendant un moment, la plupart d’entre d’entre nous gardons le silence pour apprécier la beauté du son des carillons. Comment une telle foule peut se montrer si calme sur une place publique aussi achalandée? Certes, cet endroit privilégié par les promeneurs du soir est habituellement calme malgré tous ceux qui s’y prélassent, mais cette fois-ci, c’était impressionnant! Et touchant.

 

Je vous entends me demander: « Et les cadeaux dans tout cela? » Oui, il y a des échanges de cadeaux au Mexique. Mais ils arrivent le 6 janvier, apportés par les rois mages. Bien sûr, certaines familles échangent des cadeaux à Noël et au Jour de l’An, mais la fête principale des enfants est la journée des Rois. Le Jour de Noël est célébré en famille, quant au Jour de l’An, ce sont des festivités comme dans tous les autres pays du monde. Feux d’artifices compris!

Et si l’on en juge selon le nombre de visiteurs qui continue d’affluer depuis Noël, ça promet.

Chichen Itzà

Chichen Itzà, la quatrième visite pour mon amoureux. La troisième pour moi. Ce n’est pas mon site archéologique préféré mais j’y reviens toujours avec plaisir, autant pour admirer à nouveau ses merveilles, que pour voir les étincelles dans les yeux de mon amoureux. Nous aimons les vieilles pierres et leur histoire. Celles de Chichen Itzà sont classées au patrimoine de l’Unesco et valent amplement un arrêt. En nous promenant, le nez en l’air, nous essayons d’imaginer les constructions comme elles se dressaient à l’époque où la cité étaient habitée, ses murs recouverts d’un stuc lisse, peint de couleurs vives, les habitants vacant à leurs obligations ou pratiquant des rituels pour plaire aux dieux. Des heures de rêveries et d’émerveillement. Aujourd’hui, le soleil est lumineux, la température agréable et vous nous accompagnez.

À notre entrée sur le site, El Castillo nous accueille, toujours aussi imposant sur un fond de ciel bleu. C’est dimanche après-midi, il y a foule. Les vendeurs ambulants sont nombreux, beaucoup plus nombreux qu’à notre dernière visite.

Un peu d’histoire? Peu d’écrits anciens existent au sujet de Chichen Itzà. Comme pour tous les sites, beaucoup d’inconnues et même des contradictions demeurent. Voici ce que j’ai pu récolter. Tout d’abord une ville Maya, fondée vers 415-435 de notre ère, elle devint un important lieu de pèlerinage au cours des siècles. Selon les recherches, elle aurait été abandonnée, puis de nouveau occupée jusqu’à l’arrivée des Toltèques, un peu avant les années 1000. Les nouveaux arrivants donnèrent à la cité un nouvel essor, mêlant les connaissances et les styles d’architecture avec ce qui existait déjà. Une nouvelle partie de la cité fut construite.

Vous comprenez maintenant notre fascination pour ces sites archéologiques. Des cités entières, chargées d’histoire et de secrets, abandonnées parfois pour des raisons nébuleuses. Nous sommes éblouis par les connaissances et l’ingéniosité de ces peuples anciens. Une belle leçon d’humilité.

Lors de notre première visite, il y a plusieurs années, nous avons pu escalader la fameuse pyramide de Kukulkan, appelée aussi El Castillo. Aujourd’hui, c’est interdit. L’énorme construction n’en est pas moins majestueuse même si elle nous apparaît toute simple. Elle fait maintenant partie des sept merveilles du monde. Selon les experts, l’édifice serait en réalité un calendrier Maya. En comptant les marches sur ses quatre faces ainsi que la dernière qui mène au temple tout en haut, le compte fait tout juste 365! Aux équinoxes du printemps et de l’automne, au coucher du soleil, un serpent apparaît sur les pierres le long des escaliers qui mènent en haut de la pyramide, à partir de la tête de pierre que l’on peut apercevoir aux pieds des escalier jusqu’à sa queue tout en haut de l’édifice. Nous n’avons jamais eu l’occasion d’observer le phénomène, mais je suis impressionnée tout de même. Pour compléter la magie, nous savons maintenant que la pyramide est construite sur un cénote, une réserve d’eau souterraine. L’eau était une denrée rare dans la péninsule du Yucatan, ces réserves d’eau étaient nécessaires à la survie du peuple. Il est probable d’ailleurs que la pénurie d’eau ait précipité la chute de certains de ces empires.

Derrière El Castillo, nous retrouvons le Temple des guerriers et juste devant, le Temple des mille colonnes. Autrefois, les édifices devaient être recouverts de toits construits de matières malheureusement dégradables. Il ont disparu depuis longtemps, ne laissant que les pierres des murs et les colonnes. Un marché s’y tenait vraisemblablement, tout près. Là non plus, nous ne pouvons désormais plus entrer et nous promener entre les colonnes. Les Mexicains savent comment protéger leur patrimoine et le nombre de visiteurs annuellement justifie certainement ces mesures de protection. De loin, je peux encore apercevoir le Chac Mool, le dieu de la pluie Maya, placé tout en haut de l’escalier menant au temple des guerriers. Les offrandes étaient déposées sur son ventre. Les sacrifices humains ont eu lieu à Chichen Itza, impossible d’en douter. J’ai lu que ces rites auraient été introduits par les Toltèques, un peuple plus guerrier.

Pour ma part, je préfère El Caracol, cet édifice en forme circulaire qui servait d’observatoire. Des ouvertures permettaient d’observer certains astres plus spécifiquement. Quatre portes sont ouvertes sur les points cardinaux. Cela m’impressionne, car l’on parle ici d’une construction des environs de l’an 1000!

Puis nous dirigeons vers le jeu de balle. El jugeo de pelote, populaire à travers les siècles. Chichen Itza possède le plus grand des terrains dédiés à cette activité en mésoamérique. Des inscriptions anciennes décrivant des scènes du jeu y sont encore déchiffrables sur un des murs.Toutes les cités possédaient un ou plusieurs de ces terrains de jeux, selon leur importance. Chichen en possédait plusieurs. La balle, en matériau dur, pouvait peser plusieurs kilo. Les joueurs devaient arrêter et projeter la balle avec leurs hanches, leurs bras, sans se servir de leurs mains. Malgré les protections sur certaines parties du corps, il est facile d’imaginer l’effet d’un coup de balle sur les parties exposées. Sur le terrain, l’acoustique est impressionnant, les bruits des coups et des cris devaient être décuplés. Le sort du perdant ou du gagnant n’est pas clair et semble dépendre de plusieurs paramètres. Par contre, nous savons que sous le règne des Toltèques, il y aurait eu des mises à mort, mais l’histoire ne décrit pas si s’agissait du capitaine de l’équipe perdante ou peut-être même de celui de l’équipe gagnante…

Nous terminons notre visite en empruntant le sacbé, un chemin ancien qui mène vers le Cenote Sagrado, où des offrandes étaient jetées pour faire plaisir aux dieux.

Le site est changé depuis notre dernière visite, mais la magie opère encore.

Nous devons quitter maintenant, car nous dormons à Mérida. Il y aura d’autres sites archéologiques, c’est une promesse. Ils sont tous différents mais leur ambiance est magique.