Archives mensuelles : novembre 2014

Ces photos que vous ne verrez pas

Nous avons pris l’avion pour nous rendre d’Aurangabad à Panaji, la capitale de l’état de Goa et nous avons ainsi évité plus de 18 heures de train. Nous sommes maintenant au bord de la mer.

Lors de l’escale à Mumbai, j’ai pu observer cette immense ville en plein jour, du haut des airs. J’ai vu tant de bidonvilles!

Cette vue m’a rappelé nos promenades dans les rues de Mumbai et de ce que nous y avons vu. Des choses magnifiques dont je vous ai envoyé quelques photos mais…il y a d’autres photos que je n’ai pas prises…parce que j’en étais incapable. Je vous parle de photos de petits enfants de Mumbai dormant seuls sur le trottoir couchés directement sur le pavé. Les gens plus fortunés passant tout près d’eux mais les ignorant. J’avais le cœur brisé et je me suis sentie tellement impuissante dans ce pays dont je ne connais pas les ressources!

Le lendemain, j’ai questionné notre guide Rakesh à leur sujet et il nous a expliqué que ces enfants sont probablement des orphelins. Quand je lui ai fait remarquer que des personnes passaient sans s’en occuper, il a haussé les épaules d’un geste d’impuissance… Par contre il m’a expliqué qu’il existe des refuges pour ces enfants et qu’ils peuvent être scolarisés.

Je n’ai pas pu photographier non plus des familles entières installées sur le bord de la rue avec leurs possessions dans des sacs de plastique par terre près d’eux ou accrochés à une clôture, leurs bébés presque nus endormis directement sur le sol de Mumbai. Selon Rakesh, ce sont eux les vrais pauvres de Mumbai et je l’ai cru.

J’ai été aussi incapable de prendre une photo d’un jeune enfant en train de chercher des matières plastiques dans un tas de détritus près d’un Ghat à Nashik.

L’Inde est un pays magnifique que nous découvrons avec grand bonheur mais il a aussi ses côtés sombres et confrontants. C’est l’Inde sous toutes ses facettes. Tant de richesse et tant de pauvreté…

imageQuant à nous, nous sommes émerveillés par ce que nous voyons et les personnes que nous rencontrons. Mais il y a des moments où nous sommes silencieux et pensifs.

Dharavi

Après la visite de Dharavi, j’ai eu besoin de quelques jours pour réfléchir à ce que nous avons vu pour mieux vous le décrire. Je suis prête maintenant…
Robert et moi avons eu la chance de passer une matinée à Dharavi, le plus grand bidonville de Mumbai…est-ce que j’ai été surprise de ce que nous avons vu? Pas trop, mais un peu quand même. Pour nous y accompagner, nous avions choisi l’agence Reality Tours And Travel, une ONG dont un des objectifs est de faire connaître et de démystifier ce qu’est un bidonville. Pour ce faire, l’agence a pris une entente avec les occupants pour faire visiter ce labyrinthe de petites rues, de maisons à deux étages, collées les unes sur les autres. Lors des discussions il a été entendu qu’aucune photo ne serait prise à l’intérieur du bidonville et que la vie des résidents serait le moins perturbée possible. C’est donc avec grand respect et le sentiment d’être privilégiés que nous sommes entrés à Dharavi avec notre guide Rakesh Shetty.

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Moi qui rêvais de voir Petra

Depuis que je suis toute petite, je rêve d’aller visiter Petra, cette merveilleuse cité taillée dans la pierre, en Jordanie. Je n’ai pas encore eu la chance de réaliser ce rêve mais…nous sommes allés à Ajanta et à Ellora. Et nous avons été ravis!

Ajanta regroupe une série de  30 grottes creusées à même le roc et certaines datent de deux siècles avant notre ère. Nous avons été impressionnés par ces grands espaces repris aux rochers, sculptés avec une telle adresse puis peints avec des couleurs naturelles.

Ces monastères servaient aux moines boudhistes autant pour méditer. Ils vivaient dans de petites cellules, elles aussi taillées dans le roc et situées autour de la pièce principale.

Certains d’entre eux avaient même la taille de nos églises…Imaginez le travail! Mais quelle beauté. ces grottes ont été abandonnées pendant un millénaire avant d’être découvertes de nouveau lors d’une chasse au tigre en 1819.

Les grottes d’Ellora sont plus récentes et j’ai lu que les grottes d’Ajanta auraient été abandonnées lorsque Ellora a reçu les faveurs et les dons du roi pour sa construction.  L’argent cessa alors d’affluer à Ajanta.

Le complexe d’Ellora regroupe des grottes bouddhistes, Jaïns et Indoues. Celles-ci ont deux ou trois étages ainsi qu’un portique bien aménagé. Nous avons pris un guide, monsieur Siddarth Tularam Pradham qui nous a expliqué que  les travailleurs, munis des outils de l’époque creusaient le roc et le retiraient à partir d’une ouverture pratiquée sur le  devant de la grotte. Les travaux se continuaient en se dirigeant graduellement vers le fond de la grotte au fur et à mesure que l’espace se libérait. Cette opération était débutée à partir du haut de ce qui serait le monastère pour descendre graduellement vers le plancher, tout en prévoyant d’avance l’emplacement des colonnes et des autres pièces de décoration. Quel travail de planification!

Un procédé différent a été utilisé dans une seule autre grotte, elle a été élaborée  à partir d’une ouverture pratiquée partant du haut de la grotte. Un travail époustouflant! En entrant je me suis concentrée sur les explications du guide qui nous parlait des différentes scènes de l’histoire des dieux hindous, scuptées dans le roc tout le long d’une galerie. Je savais que le tour était presque terminé pour lui alors j’ai pris le temps de l’écouter mais aussitôt que j’ai pu je me suis installée en retrait pour que mon cerveau puisse absorber le travail colossal qui avait été fait ici. J’avais besoin de temps!

Cette structure est gigantesque, imaginez 90 mètres de largeur par 60 mètres de profondeur sur 22 mètres de hauteur! Tout ce travail ciselé à la perfection…et tout cela effectué il y a plusieurs siècles…il y a de quoi nous rendre humbles, très humbles…

 

 

À Nashik nous avons vu

Nashik est une ville de pélerinage réputée et les Indiens viennent de partout pour se recueillir autour de Ramkung le bassin sacré dans lequel se seraient baignés Rama et Sita. Les pèlerins y viennent pour se purifier, faire des offrandes et se recueillir. Les cendres de Nehru et d’Indira Ganhi ont été déversées ici ainsi que celles de milliers d’autres personnes.

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Les familles en profitent aussi pour parcourir le grand marché qui s’y trouve. Il y a de tout et chacun semble y trouver son compte.

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Nous avons visité de magnifiques grottes anciennes sculptées à même le roc. La région est réputée pour ses ensembles de grottes.

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Nashik étant une ville où aurait séjourné Rama pendant son exil, nous y retrouvons une multitude de temples, dans la ville et tout autour. Nous y avons pris un bain de foule et pendant tout notre séjour, nous n’avons rencontré aucun autre touriste.

En attendant Robert alors qu’il gravissait une colline pour aller voir une sculpture, j’ai vu une jeune femme prendre une photo de moi à la dérobée. Je lui ai souri, elle a interpelé une amie puis tout s’est déroulé très vite. Le temps de le dire j’avais une grande famille installée autour de moi et nous avons fait une longue session de photo, chacun se ralayant pour être sur la photo ou pour en prendre une avec son appareil. Comme c’était beau avec ces saris de toutes les couleurs! Tout le monde riait et s’amusait, moi compris! À ce moment, la barrière de la langue n’existait plus car nous avions une activité en commun c’est à dire prendre des photos, ce que les Indiens adorent. Robert nous a rejoint en riant et nous avons continué la prise de photos sous le chaud soleil indien.

Puis Robert a décidé de goûter les maïs grillés et épicés cuits sur place, près des temples…

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Nous avons terminé cette journée en dégustant un délicieux rosé, bien installés sur le balcon du restaurant qui donne sur le vignoble Sula, le plus réputé de l’Inde…

Surprises dans les rues de Mumbai

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Les rues sont bondées et il est difficile de circuler parmis les passants, les autos, les motos et les vélos. Il faut marcher droit et regarder en arrière avant de faire un pas de côté sinon une moto pourrait être derrière nous! Il y a tant de bruit qu’il est difficile de savoir d’où vient le bruit du moteur ou même des klaxons!

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Par contre les surprises manquent pas! Il n’est pas rare de voir desvaches attachées à une clôture près de quelqu’un en train de cuisiner.

 

 

Puis il y a cette boîte aux lettres pour le moins antique…

 

 

Il y a aussi les vrais pauvres de Mumbai, pas ceux qui vivent dans un bidonville car ils ont une maison, mais ceux qui vivent dans la rue parfois avec un abri de fortune. Parfois avec rien sauf leurs effets personnels suspendus  à une clôture dans un vieux sac, tout près d’eux. Ils peuvent être évincés n’importe quand et ils n’ont accès à aucun système sanitaire. Ils doivent utiliser des toilettes publiques payantes.

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Certains d’entre eux ont pris la chance de s’installer plus confortablement et réussissent à cuisiner un peu mais leur situation est très fragile et sans protection.

Une rue soudainement animée

Lorsque nous sommes passés dans cette rue tranquille, j’avais remarqué que des personnes arrivaient avec des sacs puis nous sommes allé nous promener dans le parc voisin pour quelques minutes. Ce parc est un oasis de paix dans le tumulte de Mumbai!

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imageQuelle surprise de voir la même rue bondée de stalles qui offraient nourriture et marchandises! L’heure du repas du midi était arrivée!

 

Dhobi Ghat

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C’est le quartier des blanchisseurs. Ils s’occupent de faire tremper, de laver puis de faire sécher les vêtements et les draps en provenance des hôpitaux , des hôtels ou simplement de familles. Par contre, ce n’est pas l’endroit pour les vêtements délicats!

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Notre guide nous a expliqué que ces travailleurs sont principalement des hommes venus d’une autre ville pour travailler et pouvoir acheminer de l’argent à leur famille. Ils dorment donc sur place dans les petits abris que l’on peut entrevoir en périphérie des photos. Vous remarquerz qu’ils n’utilisent aucune épingle à linge!

Les dabba-wallahs

 

 

Nous sommes allés voir les dabba-wallahs à la gare de train Churchgate. Ils arrivent toujours à la même heure pour faire le tri des repas chauds préparés par les femmes à la maison . Ils transportent ensuite le repas jusqu’au travail du mari afin que celui-ci puisse manger la nourriture qui lui convient.

Les repas arrivent par trains et sont déposés sur le trottoir afin d’être dirigés au bon endroit. Ils repartent ensuite par taxi ou en vélo vers leur destination. Plus de 200,000 de ces repas sont livrés de cette façon sans qu’aucune erreur ne soit faite! Les dabba-wallahs sont très organisés mais aussi très forts car ils transportent sur leur tête des chariots qui doivent être déplacés par deux hommes.

Changements de plans

Nous sommes retournés à l’agence Reality Travel & Tours pour acheter un tour de ville. Leur approche est différente des autres agences et ils sont basés à Dharavi. J’aime bien l’idée d’aider de cette façon, 80/100 des fonds sont versés à un organisme du bidonville. A Colaba, le quartier où nous habitons, l’agence tient un mini bureau de la grandeur d’un garde-robe mais sur le plan informatique c’est très intéressant. Suite à une réservation, nous recevons une confirmation par courriel avec les recommandations d’usage pour le tour choisi. Nous avons donc déplacé notre visite de Dharavi de cet après-midi pour la jumeler demain avec un tour de ville. Si vous le désirez voir le site web: www.realitytoursandtravel.com
Afin de pouvoir payer notre tour en argent comptant nous sommes allés au guichet automatique et tout allait bien jusqu’à ce que nous ayons à confirmer la transaction. Imaginez notre tête de voir les instructions dans une langue qui nous est inconnue et avec une calligraphie qui nous est tout à fait étrangère! Où est le yes?

Nous allons à Dharavi

Hier après-midi alors que nous cherchions Reality Tours And Travel, une ONG qui organise des visites dans le bidonville Dharavi, nous avons dû retrouver nos capacités de flairer une vérité un peu biaisée pour ne pas dire une arnaque. Il faut s’attendre à cela. Chacun cherche à se faire une place et à gagner sa vie. Nous ne trouvions pas l’organisme en question et une autre agence offrait ses services sur le même bout de rue. Je savais que nous n’étions pas à la bonne agence mais rien ne nous disait que celle que nous cherchions étaient encore active…les informations dans les guides de voyage datent parfois…Dharavi est un des bidonville de Mumbai et le film Le pouilleux millionnaire y a été tourné. Plusieurs agences offrent maintenant cette visite.

Bien sûr notre allure ne trompe pas et nous avons eu bien des offres d’aide de personnes bien intentionnées qui ont reconnu les touristes que nous sommes. Et nous savons que chacun d’entre eux nous aurait probablement dirigé vers une compagnie qu’il connaissait afin peut-être d’y recevoir un pourboire…peut-être que nous serions tombé sur un bon samaritain mais nous ne le savons jamais d’avance alors nous avons appris à nous débrouiller. Mais cela n’est pas facile quand on se promène avec un guide de voyage à la main! Mais bon, il faut s’assumer.
Et c’est par hasard, en retournant sur nos pas que nous avons trouvé. Une petite enseigne, bien discrète, un bureau bien caché en haut d’un petit magasin, un escalier escarpé menant à un minuscule bureau. Nous y étions!
Je tenais à cette ONG car elle verse la grande partie des recettes aux organismes du bidonville. Et nous prenons le train pour nous y rendre…pas une voiture climatisée. Le rendez-vous est pris pour cet après-midi. Pas de photos mais de bons souliers et le cœur bien accroché..

Il y a plusieurs années j’avais assisté à une conférence de Nicholas Reeves, le fils de Hubert Reeves, sur l’apparition et le développement d’un bidonville. Cet urbaniste fascinant nous avait entretenu sur les valeurs et les réalités de ce milieu de vie. Aujourd’hui j’aurai l’occasion d’en apprendre davantage…