Archives mensuelles : décembre 2015

Les temples d’Angkor, se laisser apprivoiser

 

C’est avec un peu d’appréhension que nous entreprenons la visite des temples d’Angkor. Pourquoi? Bien sûr, voir Angkor fait partie de mes rêves et de mes souhaits depuis un bon moment déjà. Mais nous avons visité tant de beaux sites archéologiques depuis que nous voyageons Robert et moi! Les vieilles pierres et leur histoire nous fascinent. Les travaux des grandes civilisations ne cessent de nous épater. Est-ce que les temples de Angkor seront à la hauteur de ceux d’Ayuthaya en Thaïlande, des ruines du Mexique et de l’Amérique centrale ou des temples à couper le souffle du Tamil Nadu?

Nous décidons cependant de garder l’esprit bien ouvert, d’effectuer nos lectures et de nous laisser bercer par la découverte de ces temples, certains lovés en pleine jungle. Préparés à avoir chaud et à faire les visites parmi une mer de touristes, nous louons les services d’un chauffeur de tuk tuk par le biais de notre hôtel à Siem Reap. Si nous l’aimons, nous le reprendrons les jours suivants.

Le coeur me débat un peu en achetant nos billets pour trois jours. Prévoyant attendre en file, je suis surprise de la rapidité avec laquelle notre photo est prise et le billet imprimé. Monsieur Kong, notre chauffeur, nous prête une petite protection plastifiée pour nos billets. Nous la passons autour de notre cou.  La validité de nos billets sera vérifiée à l’entrée de chacun des temples ainsi que notre habillement qui doit nous recouvrir suffisamment. En effet, plusieurs de ces temples sont toujours utilisés comme lieux de culte. Respect oblige.

Le premier jour, nous visitons de plus petits temples. Nous sommes heureux et reconnaissants de découvrir Angkor mais la magie ne monte que lentement. Angkor prend son temps pour nous apprivoiser. C’est au fil des lectures que nous comprenons que plusieurs temples sont en fait des nécropoles. Pre Rup par exemple.

C’est au dernier temple de la journée, le Preah Khan, que la magie nous emporte. Plus grand, plus majestueux il nous séduit.

La cité abritait un monastère, une université bouddhique et des résidences de villageois tout autour. Les restes des maisons de bois et de bambou ont depuis longtemps disparu mais une bonne partie des constructions de pierre demeurent. Nous pouvons même encore arpenter les couloirs et imaginer la vie à cette époque où presque 100,000 personnes vivaient autour de cette immense cité. Imaginez le nombre de serviteurs requis pour l’entretien!

Même si la plupart des statues ont ėté volées ou placées dans des musées et que la végétation a repris ses droits, Preah Khan est très impressionnante. Des amoncellements de pierres disséminées dans les galeries laissent présager un immense casse-tête pour les travaux qui restent à accomplir.

Nous commençons à mieux connaître cette civilisation et je réalise que les jours de fête, les statues des divinités étaient décorées d’étoffes soyeuses et de bijoux. Assis dans un coin tranquille nous rêvons à toute cette population qui y vivait et les activités qui devaient animer les recoins de cette cité antique. Notre coeur vibre…

En fin de journée, nous observons le coucher de soleil du haut du Phnom Bakhèng en compagnie de plusieurs centaines de personnes. Notre chauffeur de tuk tuk nous a bien guidés. Arrivés tôt, après vingt minutes de marche dans un sentier qui mène au sommet de la montagne, nous n’avons aucune difficulté à obtenir un laisser-passer spécial et à monter la volée d’escaliers pour accéder au temple. Seulement 300 de ces permissions seront délivrées et à notre descente, au coucher du soleil, des centaines de personnes attendent leur tour. Nous remettons notre laisser-passer qui est immédiatement assigné à quelqu’un d’autre. Pour plusieurs d’entre eux il sera trop tard. Encore une fois, nous sommes chanceux. Merci monsieur Kong!

Sur le chemin du retour vers l’hôtel, notre chauffeur pointe de grandes structures en passant. « Tomorrow » dit-il à plusieurs reprises en riant. Il sait comment nous mettre en appétit! Et cela fonctionne. Nous sommes fourbus, les vêtements collés au corps mais heureux d’être à Angkor. La cité antique a gagné notre coeur et nous a apprivoisés.

 

La mer et le fleuve

C’est du haut de l’avion que nous quittons les rizières et les immenses champs de la région de Can Tho, bien irrigués par le Mékong. Un joli pavillon au milieu d’un jardin de fleurs nous attend sur l’île de Phú Quóc, tout près du Cambodge. Un petit repos au bord de la mer avant d’entreprendre la dernière partie de notre voyage au Vietnam. Quatre jour à ne pas trop planifier ni à prendre des décisions, juste à savourer le temps qui passe et la chance que nous avons d’être ici. Pour découvrir un autre visage du Vietnam, celui du bord de mer.

Nous sommes chanceux, l’hôtel est bien et tranquille, notre pavillon baigné de lumière avec un hamac sur le balcon. Le restaurant, situé sur le bord de la mer, nous permet de manger les deux pieds dans le sable en regardant les bateaux de pêcheurs pas très loin de la rive. Le soir, des tables sont placées sur la grève et nous prenons nos repas à la chandelle sous un léger vent. Difficile de ne pas relaxer!

La tenue de l’hôtel et du restaurant, par un personnel jeune et dynamique, nous impressionne encore une fois. Personne n’arrête du matin au soir, il y a toujours quelque chose à préparer. Dans la bonne humeur et les rires,  d’après nos observations. À chaque soir, du sable doit être déplacé pour former une plateforme afin de placer les tables le plus près possible de la mer. Un barbecue est installé sur la plage ainsi qu’un plan de travail pour cuisiner, tout près. Puis vient le tour des tables avec leurs nappes blanches et une petite chandelle pour accueillir les dîneurs. Tout l’après-midi un va et vient incessant amène d’immenses sacs de glace, des légumes et du poisson frais pour le barbecue. Toujours la même préparation, soir après soir. À la nuit tombée, toutes les tables sont occupées. Les bateaux de pêches ont, depuis le crépuscule, allumé les lumières vertes pour pêcher le calmar. Une atmosphère magique.

Une petite randonnée hors de notre hôtel nous permet de découvrir un petit café qui offre aussi des pâtisseries. Par miracle, le cuisinier me confirme que certaines de ses pâtisseries ne contiennent pas de produits laitiers. Toute fière, je déguste un petit gâteau au coco et un café chaud! Pour une fois que je peux accompagner mon café d’une petite collation en après-midi! Quel délice!

Quelques jours plus tard, nous quittons l’île de Phú Quóc pour la ville de Chau Doc, située près de la frontière du Cambodge, notre dernière étape au Vietnam. En descendant de l’autobus, nous devons de nouveau prendre une moto taxi pour nous rendre à l’hôtel. C’est plus facile, je commence à prendre de l’assurance! Dès notre arrivée, le village nous charme par son calme, malgré que nous soyons en plein après-midi et que tous vaquent à leurs occupations.

Dans ce petit village, la vie est aussi en bordure du Mékong, un peu à la merci de ses caprices et de sa générosité.

Une balade sur le fleuve nous ramène de nouveau parmi les activités du marché flottant, dans un élevage de poissons, dans un village Cham de religion musulmane et sa paisible mosquée.

Sur le chemin du retour vers notre hôtel, prenons le temps de visiter le marché situé le long de la rue qui longe le bord de l’eau. Une belle visite! Des fruits et légumes frais, des étalages de poissons, de vêtements et de fleurs. Malgré que c’est loin d’être notre premier marché, tous sont différents et nous ne pouvons nous empêcher de prendre moult photos!

Des gens qui ne font que passer, d’autres qui rient et se taquinent. Une femme qui prépare des légumes, une autre qui replace son étalage. Nous aimons les marchés!

Nous revenons plus que jamais avec nos questionnements au sujet de la salubrité du fleuve sur lequel nous venons de nous promener. Les traces de pollution sont bien évidentes sur l’eau et sur ses rives. Elles deviennent plus intenses lorsque nous sommes aux abords de la ville, confirmant que l’activité humaine y est pour quelque chose. Un jeune homme de Chau Doc consent à répondre à nos questions à ce sujet. Il habite avec sa famille dans une maison sur le bord du Mékong. Effectivement, lors de la crue des eaux, leur maison est inondée et le retrait de l’eau laisse des traces nauséabondes… Impossible de vendre la maison pour se loger ailleurs. Il y a aussi la vie à l’intérieur des terres, pour le commerce et l’agriculture mais notre jeune homme ajoute que la vie y est plus chère…beaucoup plus chère.

Le soir, nous passons quelque temps dans un temple bouddhiste à regarder les gens venus se recueillir et à apprécier le calme qui règne dans ce lieu. Au son du gong, pendant la prière, assis en retrait sur l’un des bancs, nous remercions la vie de nous permettre de pouvoir rencontrer de si belles personnes tout au long de notre trajet, de visiter des lieux qui nous émerveillent. Nous demandons de protéger tous ceux qui nous sont chers. Et nous réfléchissons au sort de ce monde parfois malmené par l’homme…

Demain nous partons en bateau pour le Cambodge. L’heure est venue de dire au revoir au Vietnam.

An Binh, avec tout mon respect

Le mythique delta du Mékong, le grenier à riz du Vietnam. Une région à découvrir, un des multiples visages du Vietnam. Nous choisissons d’explorer plus particulièrement la région de Vīnh Long ainsi que l’île de An Binh, plus calme et moins populeuse. Pour tenter de mieux comprendre le mode de vie des habitants de la région, nous choisissons un séjour dans un homestay, chez un Vietnamien et sa famille.

Avec l’aide de la préposée aux voyages de notre hôtel à Saïgon, nous réservons le homestay par téléphone et achetons notre trajet en bus. C’est simple, non? La veille de notre départ, la jeune femme nous informe qu’il n’y a pas de bus direct tel que prévu le lendemain, mais qu’elle a organisé notre voyage autrement. En bus local vietnamien, parfait pour nous! Elle s’est occupée des relais lors de toutes les transitions car nous devons changer de moyen de transport à plusieurs reprises.

Tôt le lendemain matin, elle nous accompagne en taxi au terminal d’autobus, achète nos billets, me présente un jeune homme à qui elle remet une enveloppe et nous dit au revoir avec un grand sourire.  Trente minutes plus tard, un autobus s’arrête, l’homme nous fait signe d’entrer et remet l’enveloppe au chauffeur avec des instructions en nous pointant. J’ai compris plus tard que l’enveloppe contenait l’argent pour les deux autres trajets suivants avec le numéro de téléphone de notre hôte afin de l’avertir de l’heure de notre arrivée, tel que prévu la veille. Je dois vous avouer que pour deux routards comme nous, habitués à nous organiser par nous-même, c’est tout un exercice de lâcher prise. Dans ce contexte où nous ne parlons pas la langue du pays, nous regrettons de ne pas avoir par écrit les noms des endroits de transit afin de les montrer en cas de pépin. Après tout, notre voyage consiste en 5 étapes au lieu de deux! Mais notre organisatrice ne voyait aucun risque dans notre périple. « Don’t worry everything will be fine. » Elle avait raison. Sur le bus, nous faisons connaissance avec une jeune Vietnamienne qui parle anglais, nous discutons de voyage puisqu’elle en est aussi passionnée et aussi un peu de son pays. Notre trajet s’effectue comme une horloge bien réglée, notre hôte nous attend devant le ferry et le temps de le dire, je me retrouve sur l’île de An Binh, assise derrière la moto de l’hôtesse du homestay avec mes bagages, la sixième étape de la journée!

Et nous saluons rapidement notre jolie Vietnamienne qui arrive aussi à destination, ses parents habitent à deux pas du homestay.

Notre gîte est assez rudimentaire mais suffisant pour nos besoins. Partager les aires communes avec une famille vietnamienne et d’autres touristes, cela ne nous arrive pas souvent! Heureusement, nous sommes tombés encore une fois sur des gens bien et la cohabitation se déroule bien. La maison est située à environ un kilomètre du débarcadère et nous décidons de retourner à la ville de Vīnh Long pour prendre une bouchée pour le repas du midi et visiter le marché.

Les voitures ne peuvent circuler sur toute les routes de l’île car plusieurs des petits chemins de béton qui relient les maisons et les hameaux ne sont pas suffisamment larges. Il reste donc la moto, le vélo ou la marche! J’oubliais le bateau car l’île est sillonnée de petits canaux navigables. Marcher le kilomètre qui nous relie au ferry est un peu stressant pour nous,  les motocyclistes nous frôlent d’un peu trop près et les vélos, plus silencieux nous surprennent un peu s’ils arrivent derrière nous. Mais nous sommes prudents, ne vous inquiétez pas. Se ranger et céder le passage allonge la durée de notre trajet mais peut-être aussi celle de notre espérance de vie! Alors pas de chance à prendre.

Monter sur  le ferry est aussi toute une aventure et nous avançons en compagnie de motos, de cyclistes et de piétons comme nous. Tout le monde en même temps! C’est tout un périple, même sans nos bagages cette fois-ci. Mais je ne voudrais pas céder ma place pour rien au monde!

Le lendemain nous profitons d’une longue randonnée sur l’eau, une belle façon de visiter le delta et ses marchés flottants. Nous partons tôt, vers 6:00 du matin avec un petit déjeuner composé d’un petit pain, une banane, un morceau de fromage et heureusement, du café vietnamien. Assis confortablement, en dégustant notre repas frugal, nous découvrons la vie sur le delta en compagnie d’une adorable famille de Nouvelle-Zélande. Les maisons sont construites principalement le long des canaux, les terres centrales étant réservées principalement aux cultures. En nous promenant, nous observons la routine matinale des gens qui habitent sur un bateau ou dans les maisons flottantes. Toilette du matin, petit-déjeuner, nettoyage de la cuisine…une vie au grand air bien sûr, mais aussi à la vue de tous. Je me garde une petite réserve pour certaines photos. Respect oblige.

Graduellement, nous prenons conscience de la pollution des eaux, elle est omniprésente. L’eau est brune et nous semble un peu boueuse. Le Mékong prend sa source en Chine et longe la Thaïlande, le Laos et termine sa randonnée au Vietnam, dans la mer de l’Est. Déjà, il y a plusieurs années, une randonnée sur le fleuve au nord de la Thaïlande nous avait fait découvrir une eau plutôt brune.

Aujourd’hui, à plusieurs endroits de notre parcours, nous observons des égouts se déverser dans l’eau. L’odeur ne trompe pas et confirme nos impressions. Je me questionne sur la salubrité de cette eau qui irrigue la région et qui nourrit tant de personnes.

Notre embarcation traverse le marché flottant de Cái Be où se font des transactions de toutes sortes, d’un bateau à un autre. Les fruits et légumes sont en profusion et chaque bateau arbore le produit qu’il propose attaché au bout d’une longue perche. Les activités de ce marché ressemblent à une immense chorégraphie sur l’eau.

Notre balade se continue dans de plus petits canaux. Une femme traverse lentement un pont qui surplombe le canal, elle porte pantalons longs, un chandail à manches longues et un masque de tissu fleuri pour se protéger du soleil et de la poussière, comme bien des femmes au Vietnam. Un enfant se promène en vélo en suivant le bateau, le long d’un sentier. Un homme répare le moteur de son embarcation, d’autres pêchent. Des ouvriers chargent du sable retiré du canal sur une embarcation plus grande avant qu’il soit acheminé vers une autre destination. C’est dimanche et tout semble fonctionner au ralenti.

Nous revenons de notre balade avec plus de questions que de réponses. Comment vivent ces familles? Nous avons visité quelques confiseries qui emploient du personnel.  Sur l’île de An Binh, il y a une importante usine de sauce au poisson et nous avons croisé plusieurs entreprises qui s’adonnent à la pisciculture. Il y a le tourisme bien sûr et l’agriculture. Malgré que nous croisons de très jolies résidences sur notre parcours, de l’autre côté de la route, celles qui longent le canal nous apparaissent très modestes. Des gens qui travaillent fort pour assurer leur survie et qui s’affairent à leurs tâches avec une énergie qui continue de nous surprendre en raison de la chaleur intense.

Nous quittons An Binh en restant un peu sur notre faim en ce qui concerne la vie dans le delta. Nous avons à peine vu nos hôtes. Ils étaient très occupés. Comment la population s’accommode t-elle des conditions d’hygiène que nous avons observées? D’où vient l’eau consommée? Est-ce qu’une sensibilisation est faite auprès de la population? Au gîte nous avons même observé des membres de la famille jeter naturellement leurs détritus dans l’eau en les lançant par dessus le balcon. Et cela malgré la présence de bacs devant la maison. Que de questions sans réponse…

Nous prenons l’avion le lendemain matin en saluant bien bas cette population qui a tout notre respect. Une belle étape, qui nous a permis de rencontrer sur le bus une jeune vietnamienne venue à An Binh de Ho Chi Minh pour visiter ses parents. Une belle jeune femme, bien de son temps, avec qui je garde le contact. Mais notre visite fut trop courte.

Ho Chi Minh la mal aimée

« Il n’y a rien à faire à Ho Chi Minh! Il n’y a pas grand chose à voir. » Je peux comprendre dans le cas où une personne n’a pas beaucoup de temps ou qu’elle n’aime pas les grandes villes. Ho Chi Minh demande à être apprivoisée.

Juste le nom stimule l’imagination et nous tenons à visiter cette ville. Nous prenons donc l’avion de Da Nang vers Saïgon, l’ancien nom de la ville d’Ho Chi Minh appelé aussi HCMC. Plusieurs Vietnamiens utilisent encore l’ancien nom à ma grande surprise.

Bien sûr, elle est très différente de Hanoï la capitale nationale qui elle, a gardé son caractère plus traditionnel, voire romantique, avec ses anciens quartiers malgré la modernité de ses services et son économie florissante. Un beau contraste, vous l’avez senti dans nos propos.

Ho Chi Minh elle? Bien difficile à décrire. Bruyante, certes. Chaotique, agitée, effervescente. Elle a vu son économie augmenter considérablement depuis les dernières années. La circulation y est extrêmement dense. Je n’ai jamais vu autant de motos arrêtées à un feu rouge. Une mer de motos! Conduites par des personnes qui portent un masque de tissu et parfois un chandail malgré la chaleur pour se protéger du soleil et de la poussière. Et oui, j’ai bien dit feu rouge. Il arrive que la circulation arrête aux feux rouges, pas immédiatement mais une partie du flot de motos, de vélos et d’automobiles s’arrête, sauf ceux qui tournent et les autres…Il faut donc bien regarder avant de mettre le pied dans la rue même si un signe lumineux nous dit que c’est le tour des piétons. Ici, le piéton n’est pas le roi, des motos circulent souvent sur les trottoirs, principalement à l’heure de pointe alors que des milliers d’autres motocyclistes attendent leur tour au feu rouge…En empruntant le trottoir, parfois spacieux, il faut se déplacer à travers les milliers d’autres motos stationnées devant les commerces. En fait, en raison de la densité de sa population, Saïgon est la ville de la moto. Plus de 8 millions d’habitants qui doivent se déplacer…c’est à considérer.

Nous n’avons pas le temps de faire le tour de tous les quartiers et nous nous limitons au quartier 3 au nord du centre-ville, au quartier Pham Ngu Lao, le quartier des routards et du marché Ben Thanh et au centre-ville avec ses grands boulevards et son architecture coloniale. Nous longeons de grands parcs avec une verdure luxuriante et fleurie. Vous avez compris que circuler à pied est un peu ardu mais nous marchons quand même. Il y a tant de choses à voir en déambulant les rues! Nous acceptons d’aller moins vite mais avec prudence. Quant aux visites, nous nous limitons à la Pagode de Jade, au bureau de la poste centrale et au musée de la ville de Ho Chi Minh.

Je dois bien vous l’avouer, HCMC est extrêmement chaude et nous en profitons pour visiter quelques Cafés pour échantillonner le goût du café Vietnamien, que j’adore en passant, et regarder vivre les gens. Robert choisit toujours un cappucino. Un bon café noir glacé avec juste un peu de sucre me convient très bien par un bel après-midi chaud du sud du Vietnam. Je m’y sens très bien pour écrire. Nous y retrouvons un clientèle jeune et dynamique. Allumée, de plus en plus instruite et munie d’appareil électroniques qu’elle utilise abondamment. Je dois préciser que depuis notre arrivée au Vietnam, nous sommes impressionnés par la qualité et la vitesse du système Wi Fi. Il y en a partout et même dans la rue de certains quartiers de Saïgon.
Au centre-ville, nous observons une population plus à l’aise, qui fréquente des centres d’achats modernes établis dans des maisons anciennes rénovées pour la cause. Les jeunes filles au Vietnam sont jolies, minces et bien habillées. Elles portent souvent de belles robes, simples mais qui leur vont tellement bien. Fières, elles les portent même à moto avec des talons hauts! Je n’en reviens pas des vêtements dans les boutiques. D’une belle coupe et bien confectionnés.. Cela m’aurait donné le goût de magasiner si je n’avais traîné ma garde-robe de ville en ville. Nous regardons toute cette belle jeunesse animée, souriante et pleine de promesses d’avenir, nous leur souhaitons le meilleur.

Bien sûr au marché ou sur la rue c’est différent. Ils s’adressent à une autre clientèle. À Saïgon, il existe toujours des classes sociales pour qui se nourrir et se loger demeurent de grands défis. Pour plusieurs, le salaire moyen mensuel est peu élevé malgré les longues heures de travail. Nous savons bien que Saïgon a bien d’autres visages et que la pauvreté est au rendez-vous…nous le voyons bien lors de notre trajet en autobus en traversant d’autres quartiers. Je suis très impressionnée par cette population qui travaille fort et qui se déplace avec beaucoup d’énergie malgré la chaleur. Personne n’est inactif derrière son comptoir. Il faut replacer les objets déplacés, épousseter, ranger le nouveau matériel, balayer devant le commerce…Il nous est très rarement arrivé d’avoir un mauvais service parce que l’employé était occupé avec son cellulaire.

À Ho Chi Minh, nous prenons notre temps et planifions le reste de notre voyage au Vietnam et notre entrée au Cambodge. Et nous prenons aussi le temps d’essayer de beaux restaurants où nous mangeons super bien à des coûts bien raisonnables et parmi une population Vietnamienne, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Nous aimons ce peuple.

Les villes du centre

Depuis quelques jours, nous sommes au centre du pays, tout juste au sud de l’ancienne frontière entre le Vietnam du nord et le Vietnam du sud. Cette région est reconnue pour son climat pluvieux et nous arrivons en plein dans la saison des pluies. À cette période des inondations sont même à prévoir! Nous verrons bien.

Notre premier arrêt, Hué, nous amène une autre vision du Vietnam, celle des rois, de leur cour, de leurs serviteurs et aussi de leurs somptueux tombeaux. La Citadelle de Hué, construite au début du XIVe siècle, sous les ordres de l’Empereur Gia Long, est superbe même si les rénovations sont toujours en cours sur une partie du site. Nous optons pour effectuer la visite seuls, notre après-midi est mémorable et le soleil nous fait la surprise de nous accompagner. Il fait juste assez chaud pour que notre longue marche dans la ville, traversant pont et jardins, soit des plus agréables.

Au cours de notre visite de la Citadelle, nous arrêtons dans une boutique de tableaux logée à l’intérieur des murs. Un artiste y peint une toile et nous laisse l’observer. Il s’agit de monsieur Hoang Thanh Phong. Il a généreusement peint devant nos yeux ébahis faisant apparaître sur sa toile un merveilleux paysage. Quel talent! Et quelle belle rencontre…Nous n’avons malheureusement pas rencontré sa femme, Nguyen Thi Hue qui est aussi une artiste-peintre passionnée. Ils sont propriétaires de la Gakka Art Gallery. Une belle rencontre!
Après une bonne nuit de sommeil, nous visitons une pagode et deux mausolées. Il y a tellement de touristes ici! Je m’y attendais un peu en choisissant le Vietnam comme destination. Voir arriver tout un autobus complet change le visage des sites…mais comme nous ne sommes pas les seuls à vouloir explorer ce pays et que chacun trouve la façon qui lui convient, nous faisons avec. Par contre, ce ne sont pas tous les touristes qui sont aimables et nous rencontrons parfois des personnes insatisfaites qui critiquent les changements qu’ils observent. Bien sûr les choses changent mais peut-on demander à un peuple de ne pas évoluer? Même si les choix sont parfois douteux, ils font partie de l’évolution d’un peuple et je veux bien croire qu’à la fin les ajustements nécessaires seront apportés. Depuis notre arrivée nous observons une belle jeunesse, pleine d’énergie. Malheureusement, dans certaines régions, la population devient dépendante du tourisme et perd un peu son identité. Nous préférons le contact avec la population hors de ces circuits mais ce n’est pas toujours possible.

À Hué, nous avons observé un phénomène qui nous était inconnu jusqu’ici. À deux reprises, des personnes faisant partie de groupes nous ont demandé de nous tasser pour qu’ils puissent prendre des photos à leur aise. Sans personne dans la photo. Pas demandé de façon élégante non plus! De telles attitudes me scandalisent un peu. Nous sommes tous égaux et la présence des autres touristes fait partie des visites. Nous partageons la planète et nous ne sommes pas chez nous. Je fais attention pour ne pas passer devant quelqu’un qui prend une photo, par respect, mais je n’accepte pas d’arrêter mes observations ou de me ranger pour faire plaisir à un photographe…ou à plusieurs qui m’interpellent à grand cris.

Heureusement pour nous, nous avons croisons d’autres touristes qui profitent de ce qui les entoure sans trop juger et en restant émerveillés. C’est avec bonheur que nous retrouvons par hasard un couple qui avait partagé notre repas lors de notre nuit chez l’habitant à Sapa. Une belle rencontre…
Nous quittons Hué sous la pluie et traversons en train des champs inondés. Quel spectacle de voir cette population vraiment adaptée au climat de cette région. Tous ont toujours un manteau de pluie ou un parapluie tout près. Ce matin, les déplacements en moto se font sous la protection d’une grande bâche de plastique. Comme il fait chaud ce n’est pas très inconfortable. Pas besoin de vous dire que la végétation est verdoyante!

À notre arrivée à Da Nang, nous sommes curieux de voir ce que cette ville nous réserve. On nous avait dit: « N’allez pas à Da Nang, ce n’est pas une ville touristique et l’infrastructure n’est pas aussi interessante pour vous. La majorité des touristes préfèrent aller directement à Hoi An ». Vous nous connaissez, nous avons une longue histoire d’amour avec les endroits moins touristiques. C’est le meilleur moyen de comprendre un peu plus ce qui se passe dans un pays. Nous avons donc maintenu notre projet et nous voilà!

Le lendemain de notre arrivée, nous visitons la montagne de marbre par nous même en prenant le bus local. Facile et peu coûteux! Et surtout, cela nous permet de visiter à notre rythme. La réceptionniste de l’hôtel nous a même écrit nos destinations en Vietnamien. Heureusement. Le trajet en autobus a été une aventure différente! Une personne s’occupait de placer les passagers lors de leur entrée dans le bus, de les faire payer puis de les aviser de leur arrivée prochaine à destination. Quelle concentration! Il s’adressait à la bonne personne au bon moment! Et surtout, pas de perte de temps. L’employé nous demandait de nous tenir près de la porte prêt à sortir. Quitte à recevoir une petite poussée pour aller plus vite. En effet, en entrant dans le bus, l’employé m’a un peu ‘aidée’. Je boite encore un peu suite à ma chute à Sapa et je ne devais pas aller assez vite. Sans trop réfléchir, je lui ai dit: « Don’t push me! ». Je ne suis pas sûre qu’il ait compris le sens de mes paroles mais mon regard a dû en dire long. Il ne m’a pas touchée lors de la sortie.

En marchant le long de la rivière, nous sommes émerveillés par les ponts de Da Nang. Celui qui retient davantage notre attention est le pont du dragon où un immense dragon de métal jaune serpente le long de la structure. Lors de notre passage en soirée, quelle surprise! C’est la fête de la lumière. Les ponts s’illuminent de mille couleurs, les bateaux font le trajet sur la rivière, le bord de l’eau s’éclaire de feux de toutes les couleurs et le majestueux dragon passe du vert au bleu puis au jaune. Sur le coup de 21:00, la tête du dragon crache du feu puis de la vapeur d’eau. C’est tout un spectacle! Nous étions très heureux d’avoir suivi notre idée et de ne pas avoir manqué Da Nang!

Notre visite à Hoi An est plus décevante au départ. Nous arrivons un dimanche, les rues de la vieille ville sont bondées et nous avons de la difficulté à bien apprécier le vieux quartier classé Patrimoine de l’Humanité par l’Unesco. Par contre, le lendemain nous retournons après notre visite à My Son, un site archéologique de l’époque Cham reconnu par l’UNESCO. Cette fois-ci, la vieille ville, bien que très touristique, nous semble plus calme et plus accueillante que la veille.

Nous sommes un peu fatigués suite à notre visite du site et nous rêvons d’un bon café vietnamien. Notre guide, est le fils d’un combattant qui, pendant la guerre du Vietnam, a dû se cacher pendant plusieurs mois dans les ruines qui servaient alors de base à l’armée Viêt Cong. L’armée américaine a bombardé My Son et les cratères laissés par les bombes sont encore visibles aujourd’hui. Des monuments historiques ont été détruits. Le jeune homme tenait un discours franchement anti-américain au détriment des informations que nous attendions au sujet des mausolées de cette importante époque Cham dont la maçonnerie est unique. Nous étions mal à l’aise. Nous sommes conscients que toutes les guerres laissent des traces et nous déplorons chacune d’elles. Et je n’étais pas sans penser aux conflits actuels…

En cette fin de journée, nous apprécions donc les vieilles maisons ainsi que les ponts éclairés de la vieille ville de Hoi An. Les lanternes suspendues au dessus des rues ou devant les commerces donnent une ambiance de fête. Nous y prenons le repas du soir, dans la cour intérieure d’une maison ancienne, avec comme ciel des lanternes colorées. C’est romantique à souhait! Et quelle journée pleine de contrastes…

Au revoir Hanoï

Nous profitons de nos derniers jours à Hanoï pour l’explorer davantage. C’est avec les yeux pleins de curiosité que nous parcourons les rues achalandées du quartier des 36 Corporations, pour sa vie de quartier et ses échoppes, ainsi que celles du Quartier Français où se trouvent plusieurs musées. Nul besoin de vous dire que nous adorons cette ville.

Au retour de Sapa, un magasinage s’est imposé, histoire de faire réparer mon appareil photo endommagé lors de ma chute. Finalement, la réparation dans un délai raisonnable s’est avérée impossible et j’ai acheté un nouvel appareil, le jumeau de celui que j’ai cassé. Plus tard, dans les petites échoppes du marché de nuit de la rue Hang Dao, j’ai trouvé un appliqué pour cacher le reprisage de mon pantalon déchiré. Il fait beau, il fait chaud et il fait bon marcher!

Nous goûtons la cuisine de rue aussi souvent que possible et prenons nos repas assis sur de petits bancs de plastique. Nos devenons très habiles pour manger avec des baguettes et nous sommes toujours épatés lorsque par magie une table et de petits bancs apparaissent alors que nous sommes certains qu’il n’y a plus de place. Tous les bancs sont occupés? Pas de problème, nous en avons d’autres! On nous fait signe de nous asseoir. Nous allons juste être un peu plus tassés…Cela ajoute au charme! À l’heure des repas, souvent en fin de journée, nous apercevons des familles entières assises sur le trottoir, autour d’une petite table basse en train de manger en famille.

Le Vietnam est réputé pour ses maisons tubes, construites en profondeur, avec une petite façade sur la rue. Il n’est donc pas rare qu’une famille exploite un petit commerce au devant de la maison, au rez-de-chaussée, ouvert sur la rue. La partie arrière de la maison sert de logement et il arrive souvent d’entrevoir un escalier qui mène à l’étage au dessus. Le soir, les motos sont remisées dans le commerce, parfois même dans le salon si celui-ci est au rez-de-chaussée ou s’il donne sur le devant de la maison!

Il y a beaucoup de circulation dans les rues étroites. Des voitures, des vélos bien sûr, mais le mode de transport privilégié est la moto. Lorsqu’elles sont à l’extérieur, plusieurs personnes portent de petits masques sur la bouche, pour se protéger de la pollution mais aussi du soleil. Le port du casque en moto est généralisé. Le matin de notre premier contact avec Hanoï, c’est sous la pluie que nous avons découvert la ville en même temps que les Vietnamiens se rendaient au travail. Bien sûr nous étions bien à l’abri dans notre taxi mais les vietnamiens eux avaient dû se protéger pendant leur trajet en moto. Pour la plupart, cette protection consistait à se recouvrir d’un long manteau imperméable qui recouvrait autant les enfants assis derrière, que la moto elle-même. Quand il pleut, Hanoï devient une mer de manteaux de toutes les couleurs. Depuis, nous avons eu l’occasion d’observer plusieurs heures de pointes. Sous le soleil ou sous la pluie, les rues de Hanoï deviennent alors le théâtre d’un gigantesque ballet qui se déroule à travers toute la ville. Bien orchestré, avec des règles bien à lui.

Beaucoup de déplacements se font à vélo mais celui-ci est aussi utilisé pour le transport de la marchandise. C’est incroyable parfois ce que l’on peu empiler sur un vélo! Plusieurs femmes, coiffées d’un chapeau conique, transportent leur marchandise dans de petits paniers suspendus sur une perche qu’elles maintiennent sur leur épaule. J’ai essayé et il n’est pas facile de garder l’équilibre des paniers sans compter que c’est un peu lourd. Elles travaillent dur ces femmes!

Nous avons quitté Hanoï et sa vie mouvementée avec un peu de regrets mais l’aventure nous appelle ailleurs. Les villes du centre du pays nous attendent!