En toute honnêteté, notre premier séjour en Thaïlande ne m’avait pas trop plû. Bien sûr, nous avions vu des paysages magnifiques, des temples à faire rêver et d’impressionnantes ruines, témoins d’un passé glorieux. Mais nous avions aussi rencontré des personnes brusques, impolies et les tentatives d’arnaques n’avaient pas manqué. Personnellement, j’étais revenue au Québec avec un goût amer. Incapables de sortir des sentiers bien balisés du tourisme thaï, j’avais le sentiment que nous avions manqué l’essentiel.
De retour au Québec, j’ai lu des récits d’une jeune fille qui avait habité chez une famille thaïe, le temps de ses études à Bangkok. Son expérience était exactement à l’opposé de la mienne. En effet, j’avais manqué quelque chose: les relations humaines qui nourrissent ma passion des voyages.
Cette année, je suis prête à tenter de nouveau l’expérience. Derrière une façade un peu froide, se cachent parfois des émotions ou des valeurs difficiles à saisir pour un étranger. Personne n’est à l’abri de mauvaises expériences, mais peut-être que l’histoire s’écrira différemment cette fois-ci et que nous passerons moins de temps à nous méfier.
C’est dans cet état d’esprit que nous atterrissons à Bangkok après un agréable séjour au Cambodge.
Tout se passe bien et c’est facile de prendre le train vers le centre-ville à partir de l’aéroport, puis de trouver un taxi vers notre hébergement. Nous sommes gentiment accueillis au Baan Manusarn, notre hôtesse est charmante. La chambre est spacieuse et le guesthouse est situé près de deux quais. Le premier permet de prendre une navette sur le khlong juste en face du guesthouse, l’autre quai donne accès au transport express sur le Chao Praya, le fleuve qui traverse Bangkok. Tout va bien.
Après avoir déposé nos bagages, nous partons faire des courses en suivant les indications de notre hôtesse. Nous empruntons le bateau express avec plaisir, ces trajets font partie de nos beaux souvenirs du pays. Notre parcours se termine par le Sky Train qui nous laisse au beau milieu de Siam Square, où d’immenses centres commerciaux modernes n’ont rien à envier à ceux des autres capitales. Tout est illuminé et d’une propreté impeccable. Le temps d’acheter des cartes SIM pour nos téléphones et de nous perdre sur les étages interminables des centres commerciaux, il est l’heure de revenir à l’hôtel. Le dernier express se prépare à quitter le quai.
Un spectacle incroyable nous attend, la vue du bateau révèle des édifices illuminés et des ponts éclairés de toutes les couleurs. Oui, l’histoire est différente. Notre attitude aussi.
Le lendemain matin, pour la visite au Wat Pho, nous empruntons de nouveau la navette sur le Chao Praya, vers le quai le plus près du site. Il est fermé pour des rénovations et le bateau s’arrête au quai suivant. Cela nous oblige à faire une marche plus longue, mais ça va, nous sommes bien chaussés. Il fait chaud à Bangkok, très chaud. Nos vêtements deviennent trempés en quelques minutes. Il faut boire beaucoup d’eau, porter des chapeaux et appliquer généreusement de la crème solaire.
Impressionnant.
À notre sortie du Wat Pho, la faim nous tenaille et nous cherchons un petit resto pour prendre une bouchée. Nous arrêtons dans un restaurant tout près, pour en sortir après quelques minutes. Les serveuses ont l’air tellement fatiguées…elles se traînent les pieds, ne sourient pas. C’est vrai que les touristes ne manquent pas ici. Il y a affluence et la chaleur alourdit l’atmosphère. Nous continuons notre recherche jusqu’à ce qu’une dame au tablier jaune retienne notre attention. Elle prépare des pad thaï sur le trottoir et cela sent bon! Il ne reste plus de place à ses tables, mais elle dépose deux bancs d’un bleu éclatant juste à côté d’une cliente qui est déjà en train de déguster son plat. Surprise, elle nous fait de la place. Nous sommes servis en un rien de temps et avec un grand sourire. Nous sommes ravis!
Comme pour le Bouddha couché au Wat Pho, il faut faire la file pour visiter le Bouddha d’émeraude, placé en hauteur en compagnie de plusieurs autres Bouddhas, posés à ses pieds. De là-haut il apparaît tout petit alors qu’il est presque de grandeur nature. Ici encore, il est de mise d’enlever nos souliers et de porter un vêtement qui cache les épaules et les genoux.
Le retour s’effectue par le bateau express. Il est bondé à cette heure-ci. Rêveuse, j’imagine qu’il ramène des travailleurs vers leur demeure à la fin de leur journée de travail. Qu’est-ce qui les attend?
Au fil des jours, l’histoire de notre séjour s’écrit doucement, dans une atmosphère presque sereine. Nous marchons beaucoup et utilisons les transports en commun, nous découvrons doucement la ville et ses habitants. Hors des sentiers touristiques, les Thaïs ne parlent pas l’anglais et malheureusement, je n’aurai pas le temps d’apprendre suffisamment de mots dans leur langue pour me débrouiller. Heureusement que nous avons des traducteurs sur nos téléphones. Je ne peux évaluer la pertinence de la traduction, mais cela semble fonctionner. Parfois je m’inquiète un peu car si je me fie à ce que ce je lis de la traduction du thaï à l’anglais…il faut un peu deviner!
Plusieurs des personnes que nous avons rencontrées disent que la population est moins accueillante ici à comparer à celle des pays limitrophes. C’est bien possible, les Thaïs ont l’air tellement sérieux! Froids dans certains cas et c’est vrai, ils crient quand cela ne fait pas leur affaire. Cela surprend, il faut bien l’avouer. Nous l’avons expérimenté davantage chez le personnel des sites touristiques et sur la navette du Chao Praya. J’ai fini par sourire en voyant les autres touristes ne rien comprendre de ces cris sans fin alors qu’il était tout simplement demandé de se diriger vers l’avant du bateau pour libérer l’entrée!
Au fil des expériences, ma perception des Thaïs s’ajuste. Laissez-moi vous raconter quelques aventures qui m’ont touchée.
En revenant de Siam Square, le Sky Train est bondé, nous sommes en fin de journée. Le prochain arrêt est le nôtre, je me lève pour me diriger vers la sortie: il faudra me faufiler à travers tous ces gens qui se tiennent debout devant leur cellulaire. Je ne veux bousculer personne et le train ne s’arrête pas longtemps. Robert n’est pas à côté de moi et nous communiquons par gestes. Une femme attire mon attention et me fait signe de rester assise, je comprends qu’elle sort au même endroit que nous. Lorsque le train commence à ralentir, elle me fait un nouveau signe. Je me lève et la suis. Elle avait raison, presque tout le monde sort à cette station! Elle se retourne pour s’assurer que je l’ai suivie, me salue de la tête puis je la perds dans la foule.
L’histoire s’écrit autrement.
Un jour, nous arrêtons dans un petit kiosque sur le trottoir, devant une maison. La veille j’y ai vu des tongs qui me plaisent bien. Je veux les essayer. Pendant que la jeune vendeuse cherche la paire demandée, elle m’invite à entrer dans son salon, à l’air climatisé. Sa mère lui dit quelques mots en thai et désigne une place sur le divan à côté d’elle. La jeune femme me traduit: je suis vieille et sa mère craint que je tombe en essayant les chaussures. Elle me fait donc asseoir. Pas question de m’offusquer au sujet de l’âge, ni de mes capacités, j’ai choisi d’apprécier la gentillesse. Je ne serais pas tombée, mais j’ai remercié abondamment avec un grand sourire.
Cette fois-ci, je suis autrement touchée par la population de ce pays.
Le vent a tourné on dirait.
En attendant le train pour Ayuthaya, je me dis que j’aime bien mieux cette histoire-ci!
Vous me rappelez de très bons souvenirs. Tous ces Bouddhas partout, cet or, et la dévotion des Thaïlandais à leur roi et leur religion. Je suis allée travailler à Bangkok en novembre 2017. C’était juste après la cérémonie de crémation du roi Bhumidol, 1 an après sa mort. Ils avaient construit un crematorium magnifique dans le parc tout près du Grand Palais. En principe, ils ne l’ont gardé qu’un mois pour les visiteurs et ils l’ont détruit ensuite malgré les quelques 17 millions US que ça a coûté si je me souviens bien, et l’année entière que ça a pris pour le construire. J’ai été vraiment chanceuse d’être là à ce moment. Et si mes clients s’étaient décidés plus vite, j’y serais allée une semaine plus tôt et j’aurais pu en plus profiter de la fête des lumières, Loy Krathong.
J’aime beaucoup vous lire, ça me fait rêver!
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Merci Brigitte de tous ces beaux renseignements, vous avez été chanceuse en effet. Parfois le hasard fait bien les choses. Cela me fait chaud au cœur de vous savoir parmi mes lecteurs.
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Merci de nous amener en visite avec vous de façon si claire et gentille.
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Merci Diane!
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