Bogota

Où allons-nous cette année? C’est une merveilleuse question que mon amoureux et moi avons le privilège de nous poser depuis plusieurs années. C’est une chance inouïe de réaliser nos rêves. Nous en sommes conscients et extrêmement reconnaissants que cela nous soit permis.

Ces dernières années, nous avons passé nos hivers à découvrir l’Asie. Nous nous y sentons en sécurité, la nourriture est excellente, sa culture et sa population nous émerveillent à chaque visite. L’Asie est incomparable et surtout, très accueillante.

Cette année, c’est l’Amérique du Sud qui nous attire.

Notre seul séjour sur ce continent se résume à trois semaines au Brésil, il y a plusieurs années. Nous avions adoré ce magnifique pays, malgré sa réputation de violence. Les conseils de sécurité prodigués par la population locale nous avaient surpris et inquiétés, ils sont restés gravés dans nos souvenirs. Dans certaines villes, nos hôtes refusaient même de nous laisser sortir avec un sac à dos, même petit. J’avais répliqué qu’il ne contenait rien de valeur, pour me faire répondre: les voleurs eux ne le savent pas. Mon amoureux et moi avons donc pris l’habitude de sortir les mains vides. Je portais un minuscule sac en bandoulière, à peine assez grand pour contenir mon petit appareil photo. Nous rangions notre argent dans des poches dissimulées dans nos vêtements, en gardant quelques petites coupures à notre portée au cas où nous serions agressés. Tous ces gens avaient raison et cela nous a bien servi.

Alors que nous marchions pour nous rendre à un musée du centre-ville de Rio de Janeiro, j’ai été victime d’une agression avec une arme blanche trafiquée, mais pas moins dangereuse. Ne vous inquiétez pas, je n’ai pas été traumatisée outre mesure, mais j’ai tout de même eu quelques bleus sur les bras et perdu mon appareil photo avec toutes les photos qu’il contenait. J’ai aussi remis le petit montant d’argent que je gardais au cas où cela arriverait.

C’était un dimanche après-midi. À cette époque, le centre-ville, habituellement si vivant, devenait désert le dimanche, les policiers étant affectés à la protection des plages. Nous avions négligé les mises en garde, prendre un taxi aurait été plus sage, même si le musée était tout près.

Je dois préciser que plusieurs touristes n’ont jamais eu de problème au Brésil et que lorsque revenue à Montréal, je suis retournée au magasin pour remplacer mon appareil photo, deux autres personnes avaient été dépossédées de leur appareil, une au Vietnam, l’autre à Paris. Cela peut arriver n’importe où. Notre visite au Brésil date de plus de dix ans, la situation a pu s’améliorer.

Nous avons fait nos recherches avant de confirmer nos destinations en l’Amérique du Sud, conscients des avertissements de sécurité. Je suis très heureuse de notre décision. Pendant quelques mois, nous allons visiter quatre pays de ce grand continent qui a tout à nous apprendre. Notre trajet tient compte des distances, des exigences du climat et de la situation politique de chacun des pays que nous souhaitons découvrir. Bien malgré nous, nous éviterons la Bolivie et une partie du Pérou. La température ne sera pas de notre côté, il faudra nous reprendre.

Notre premier arrêt? La Colombie. Depuis quelques années, je rêve aller en Colombie. Pourquoi? Pour l’histoire, l’architecture, le paysage, une langue à apprivoiser. Nous y serons cinq semaines en tout, à partir de la mi-décembre.

Arrivés à Bogota en pleine nuit, plus tard que prévu, notre avion ayant décollé en retard, nous cherchons notre chauffeur. À notre grand soulagement, il est toujours là et nous reçoit avec un grand sourire: cela simplifie vraiment notre arrivée lorsqu’un transport nous attend à l’aéroport, surtout la nuit.

L’accueil du personnel de la Casa de la Vega complète notre arrivée en douceur, cela nous fait chaud au coeur après cette longue journée. Les planchers de bois et de céramique, de hauts plafonds, un jardin intérieur et des plantes à profusion, c’est très joli. Nous sommes conquis. Ce charmant hôtel situé au coeur du quartier historique a conservé son cachet ancestral. Si Bogota ne paie pas de mine la nuit, nous nous sentons en sécurité à l’hôtel. Après une courte nuit, un bon petit déjeuner, nous commençons notre exploration de la ville.

Je vais être honnête avec vous. Depuis que nous avons annoncé notre projet de voyage, nous avons entendu des avis contradictoires en ce qui concerne la sécurité en Colombie. Certains de nos amis ont visité ce pays et ils ont adoré. Ils ne sont pas les seuls, nous avons entendu plusieurs commentaires dans ce sens. Un beau pays, un peuple accueillant. D’un autre côté, certaines personnes, parfois même d’origine colombienne, ne veulent à aucun prix retourner dans ce pays. Les mises en garde du Canada ne sont pas non plus à négliger. Alors, voyez-vous, lors de notre première journée à Bogota, nous sommes sur nos gardes, plus que d’habitude.

Heureusement, dès cette première journée, nous reprenons notre assurance habituelle, tout en respectant les règles de sécurité d’usage. Nous sommes prudents et plus les journées passent, plus nous nous sentons bien.

Les musées ne manquent pas à Bogota, particulèrement dans la Candelaria, le quartier historique de la ville, où nous avons choisi d’habiter. Nous commençons par le Museo del Oro, un des musées incontournables de Bogota. Il nous a totalement épaté. Je ne m’attendais pas à découvrir le développement des différentes régions de la Colombie, depuis les premiers peuples jusqu’à aujourd’hui, par le biais de la fabrication des objets en or. Une vraie leçon d’anthropologie en commençant notre séjour, un pur régal. Une entrée en matière pour les prochaines étapes de notre voyage, à travers ce pays dont la culture vient de peuples si anciens.

Une petite surprise nous attendait à notre entrée au musée, on nous a demandé si nous sommes des personnes âgées, comme c’est le cas, notre entrée a été gratuite.

Une autre visite m’apparaît incontournable: le musée Botero, toujours dans la Candelaría. Je connaissais certains tableaux de cet artiste, mais je suis absolument conquise par l’ensemble de son œuvre. Ses toiles immenses et ses bronzes sont impressionnants par leur précision et leur fini. J’ai été touchée par le fait que ce grand artiste a fait don de ses toiles et de ses sculptures en s’assurant que la visite du musée serait gratuite et accessible à tous. Originaire de Medellin, cet artiste très prolifique aimait son peuple et tenait à s’assurer que les artistes qui le suivraient pourraient s’inspirer de modèles colombiens. En effet, Botero a ouvert la voie à l’art colombien, le distingant de celui des autres nations. Le Museo Botero fait partie d’un grand complexe abritant trois musées interreliés. Au centre du musée Botero, un jardin invite à la détente. À l’étage, le balcon offre une vue imprenable sur le Cerró de Monserrate, tout en haut de la montagne, au loin. Les deux autres musées sont le Museo del Arte Miguel Urrutia et le Museo de la Moneda. Une très belle visite.

Le dimanche, nous empruntons la calle 7 pour nous rendre au Museo National. Une section de la rue étant fermée aux voitures, les gens se promènent entre les étals où des marchandises de toutes sortes leur sont offertes. Il convient tout de même d’être prudents car une partie de la rue est dédiée à une piste cyclable, il faut bien regarder avant de traverser d’un côté à l’autre de la rue. L’atmosphère est vivante, joyeuse et calme à la fois. Les odeurs de nourriture, les éclats de voix, les rires nous enveloppent. Il fait bon être ici. Je m’offre une ganse qui se fixe à mon téléphone pour plus de sécurité. Je peux la passer à mon poignet, cela m’empêche d’échapper mon cellulaire et peut-être de décourager un voleur à la tire de me le prendre des mains en passant. Le jeune vendeur a été très gentil et a installé mon nouvel achat sur mon téléphone, sous mon étui protecteur. Un beau moment, une belle rencontre.

Peu à peu nous découvrons davantage la Candelaría, une minuscule partie de cette grande ville. Les murales et les graffiti sont partout, leurs créateurs exprimant leur savoir-faire à coup de pinceaux. Curieux d’en apprendre davantage, nous nous inscrivons à un tour guidé sur les graffiti, nous avons choisi Capital Graffiti car les tours sont animés par des habitants de Bogota.

Le tour s’annonce comme étant gratuit, avec une contribution volontaire. Lors de l’inscription en ligne, nous réalisons qu’une contribution de 50,000 cops est suggérée. C’est environ 25$ chacun. Nous avons acheté des tours plus dispendieux, là n’est pas la question, je ne comprends juste pas pourquoi ils n’annoncent pas un prix clairement au lieu de provoquer une tension de l’obligation. Ce serait plus simple. Nous décidons de nous inscrire. Heureusement!

En l’espace de quelques heures, notre guide nous a beaucoup appris sur les règles qui s’appliquent sur les graffiti, les tag et les murales. Il nous a expliqué qu’il y a des choses qui ne se font pas dans cet univers. Par exemple, dessiner un tag sur une murale ou bien recouvrir l’œuvre d’un autre artiste. Celui qui contrevient à l’une de ces règles peut perdre son nom d’artiste. C’est arrivé à notre guide, il a contrevenu à une règle qu’il ne connaissait pas et il a dû se choisir un nouveau nom.

Nous comprenons qu’il existe de la compétition entre les artistes, qu’ils éprouvent une grande fierté devant leur œuvre surtout si elle est visible de loin. Ils admirent les exploits de celui qui exécute un graffiti tout en haut d’un building très élevé, parfois en faisant fi des règles élémentaires de sécurité. À titre d’exemple, notre guide nous indique le sommet d’un gratte-ciel. L’édifice n’a jamais été habité, mais il a tout de même son tag. Celui-ci nous parait minuscule vu d’en bas, mais il est le résultat d’une grande prouesse. L’important est le message laissé derrière l’artiste, le sens de son oeuvre. Derrière chaque réalisation, il y a une histoire.

Pendant le tour, notre guide nous a raconté la quête d’une mère dont le fils a été tué par les policiers alors qu’il élaborait un graffiti. Elle a réussi, après 10 ans, à faire la lumière sur les dessous des évènements qui ont mené à la mort de son fils et à faire accepter une loi qui protège ces artistes, rendant leur activité légale. Maintenant, les graffitis sont légaux et largement répandus, à notre plus grand bonheur! La ville en est littéralement couverte.

Dans les jours qui ont précédé notre départ de Bogota, nous avons eu une petite aventure qui a pris un peu trop de notre temps. Rien de grave, rassurez-vous. C’est une facette de notre réalité de voyageurs nomades dont je ne vous ai jamais parlé.

Cette année, nous avons de nouveaux sacs à dos, montés sur des roulettes. Nous avons réalisé que nous transportons souvent nos sacs sur de petites distances et que nous ne prenons pas nécessairement le temps de les mettre sur notre dos. Les roulettes devraient s’avérer utiles.

Le poids de nos sacs est méticuleusement contrôlé. Pour l’avion, bien sûr, mais aussi parce que nous devons parfois les soulever, par exemple pour monter un escalier dans un hébergement où il n’y a pas d’ascenseur. Cela limite donc les vêtements que nous apportons, je les choisis légers, faciles à sécher et surtout, infroissables. Il vaut mieux apporter des vêtements confortables, dans lesquels nous nous sentons bien, car nous les porterons pendant plusieurs mois.

Il faut faire laver nos vêtements régulièrement et comme il ne m’est pas toujours possible de le faire moi-même, nous nous adressons à une lavandería. Il fait frais à Bogota, 20 C le jour et 7 C la nuit et nous arrivons rapidement à court de vêtements chauds. À la suggestion de l’hôtel, je vais porter notre lavage à un commerce situé sur la rue juste à côté. Nos vêtements plus légers et infroissables sont aussi plus délicats et comme d’habitude, je demande qu’ils soient séchés à l’air, non dans la sécheuse. Plusieurs d’entre-eux ne résisteraient pas à la chaleur. Puisqu’il fait non seulement frais à Bogota, mais très humide, je sais que cela prendra plus que quelques heures à sécher, mais ça va, nous partons seulement dans trois jours.

Nous retournons chercher nos vêtements au moment prévu, ils ne sont pas prêts, nous devons revenir le lendemain. L’heure proposée nous convient peu car elle nous coince pour notre visite des graffitis. Je négocie.

Le lendemain, nous récupérons nos vêtements, sauf mon jeans (oui, j’apporte tout de même des jeans pour les journées plus fraîches) qui serait tombé par terre lors du séchage et qui a dû être relavé. Je comprends alors qu’ils ne sont pas bien installés pour suspendre nos vêtements et qu’ils nous ont accommodés.

En arrivant à l’hôtel, nous vérifions si nous avons tous les autres vêtements. Justement, il en manque plusieurs. Cela n’est pas la première fois que cela arrive, il nous est même arrivé d’avoir des vêtements qui ne nous appartenaient pas. Nous avons pris l’habitude de noter et de prendre en photo l’ensemble des vêtements qui sont à laver.

Nous retournons à la lavandería. Je dois négocier un peu, dans une langue que je ne maîtrise pas autant que je le voudrais. La jeune femme qui me répond me dit qu’elle n’a pas nos vêtements. Elle ajoute que les vols dans les hôtels sont fréquents et que c’est peut-être ce qui est arrivé. J’argumente, poliment. Finalement, c’est la photo de mes vêtements avant le lavage qui convainc une employée plus âgée de me prendre au sérieux. Après une discussion animée entre les deux femmes, la première femme à qui j’ai parlé finit par sortir un grand sac rempli de vêtements entassés pêle-mêle. Elle me les montre un à un, de loin, je suis toujours derrière la grille de l’entrée. Je choisis ceux qui m’appartiennent tout en ayant une pensée pour les autres voyageurs à qui il manquera des morceaux.

Je dois revenir deux autres fois pour récupérer mon jeans qui n’est toujours pas sec, malgré son séjour dans la sécheuse. J’insiste pour le reprendre, nous partons tôt le lendemain matin. Il sera placé dans ma valise même s’il est encore humide.

Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre de vêtements, tout est calculé en fonction de la température et des activités que nous ferons. Pourrions-nous en acheter d’autres? Certainement, mais nous n’avons pas toujours le temps de magasiner et rien nous dit que nous trouverons ce dont nous avons besoin.

Je ne vous en parle pas souvent, mais le lavage est souvent un enjeu pendant le voyage. Il nous est arrivé plusieurs aventures dans ce sens. Ce n’est qu’un petit détail dans notre quotidien de voyageurs, mais cette fois-ci, ce détail nous a pris pas mal de temps.

Notre aventure à la lavandería met fin de notre séjour à Bogota, pour cette fois-ci. Nous y reviendrons à la fin de notre tournée en Colombie pour y prendre un avion vers Lima. Mais pour l’instant, plus reposés, prêts à découvrir d’autres régions de ce pays dont nous savons si peu, nous prenons le bus vers une aventure nouvelle, les villages de montagnes Villa de Leyva et Barichara.

Jocelyne xxx

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Avant de vous laisser…voici deux suggestions.

1 Lorsque nous choisissons notre destination voyage, nous vérifions les avertissements de sécurité sur le site du Canada.ca, dans la section ‘Voyage et tourisme’, sous la rubrique ’Conseils aux voyageurs et avertissements’. Les recommandations y sont inscrites pour chaque destination ainsi que les régions à éviter s’il en existe dans le pays choisi. Par expérience, je dirais que le site est plus prudent que pas assez, je nuance un peu ce que je lis. Par contre, mieux vaut s’inspirer de ces recommandations, non seulement pour notre sécurité, mais aussi pour nous assurer que notre assurance voyage nous couvrira en cas de pépin. Les assurances ne couvrent habituellement pas les régions où le Canada déconseille de nous rendre. Celles-ci sont bien détaillées sur le site.

2 Personne n’est à l’abri d’un problème à l’étranger. Même si nous choisissons des destinations qui nous apparaissent raisonnablement sécuritaires, il se peut qu’un ouragan, un tremblement de terre ou un autre phénomène survienne pendant notre séjour. Nous souhaitons être avertis si c’est le cas et même, à être évacués si nécessaire. Un jour, lorsque nous étions au Bélize, nous avons été réveillés par une alerte au tsunami. Nous étions alors loin de la côte, mais nous aurions apprécié pouvoir nous mettre à l’abri si nous avions été dans la zone à risque. Avant notre départ, nous nous inscrivons sur le site du Canada.ca, dans la section ‘Voyageurs et avertissements’ sous la rubrique ‘Inscrivez vous comme Canadiens à l’étranger’. Vous pourrez ainsi indiquer où vous pensez être, les dates où vous voyagerez, ainsi que les personnes qui vous accompagneront. Nous n’avons pas toujours un itinéraire très défini, mais j’inscris les dates selon nos prévisions quitte à les modifier en cours de route.

9 réponses à “Bogota

  1. Merci pour le bel article. Nous serons justement en Colombie pour une visite express du 1er au 8 mars. Je suis certaine que cela nous donnera le goût d’y retourner plus longtemps une prochaine fois! Hâte de suivre le reste de votre périple!

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  2. Avatar de Diane Dupuis Boisvert Diane Dupuis Boisvert

    Très très intéressant , merci pour ce beau partage !
    Continuez à faire preuve de prudence dans vos belles aventures et profitez-en bien ! 😊

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  3. Merci Jocelyne pour ce joli récit qui nous fait rêver mais il faut être très prudent passez un beaux séjour et continuez sur votre lancée je me délecte toujours avec vous et des photos magnifiques que vous prenez xxx

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  4. J’adore Botero, et tout le reste d’ailleurs! Merci de partager vos expériences et la beauté du monde, on en a bien besoin. Portez-vous bien et au plaisir de vous lire et de vous voir.

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