Battambang, la deuxième plus grande ville au Cambodge.
Nous arrivons par bateau, une randonnée de presque 8 heures dans une embarcation chargée plus que la raison ne le permet. Des dizaines de personnes juchées sur le toit, avec leurs bagages. Sous le soleil brûlant du Cambodge, sans gilet de sauvetage. Heureusement, presque tout le trajet s’effectue dans des canaux peu profonds. Le seul risque est de tomber dans une eau extrêmement polluée et de retrouver nos appareils électroniques dans la boue et l’eau sale. Rien de bien réjouissant. Un voyage où l’inconfort des bancs de bois et la monotonie prennent presque toute la place.
Bien sûr, nous traversons des villages flottants sur le Tonlé Sap, ce qui demeure très intéressant. Nous observons alors en direct comment se font les transports d’un village à l’autre. En bateau-taxi. Cette fois-ci en utilisant notre rafiot, déjà trop chargé. Une plus petite embarcation amène le passager vers la plus grande. Même stratégie lorsque la destination est atteinte. Le voyageur repart dans une petite barque qui l’attend. Je suis impressionnée de l’agilité de ces passagers qui transfèrent d’une embarcation à l’autre, les bagages à la main sans même l’ombre d’une hésitation.
Au fil des heures, nous observons les changements dans le mode de vie des habitants des rives des canaux menant vers Battambang. Tout d’abord des villages flottants avec leurs épiceries, leurs écoles et leurs maisons, flottant si près du niveau de l’eau que la moindre vague les fait ballotter. Plus loin, des agglomérations de maisons sur pilotis apparaissent, bâties sur les bords de la rivière. Nous naviguons plus bas que le rivage et il m’est impossible de voir les terres avoisinantes, plusieurs mètres plus haut même si parfois la présence de grandes rizières se laisse deviner.
En approchant de Battambang, nous longeons une série de refuges de fortune. Des bâches accrochées sur des supports de bois pour la protection du soleil. C’est tout. Des gens s’affairent autour de leur abri, leur quotidien se passe à l’extérieur. Des enfants jouent ou se baignent à une heure où ils devraient être à l’école…je n’ai pas pris de photo. J’en ai été incapable. Cela fait partie des images que vous ne verrez pas. La pauvreté ne se photographie pas. Par respect.
Nous n’avions pas besoin de cette ballade pour comprendre davantage le Cambodge et je ne la recommande à personne. Et sachez que vous traverseriez une section du Tonlé Sap sans protection et que le bateau serait trop chargé, l’appât du gain des opérateurs défiant toute raison.
Battambang est une ville tranquille avec peu d’attractions. C’est la campagne qui est intéressante. Et c’est ce que nous cherchons à organiser lorsqu’une courte publicité retient notre attention.
Parfois il n’en tient qu’à un entrefilet pour nous mener vers l’aventure. Le Butterflytour.asia en est un bon exemple. Une agence qui offre des tours en vélo hors des sentiers battus? Faire le tour des villages en pédalant, visiter des petites entreprises et discuter avec les gens du pays accompagnés d’un guide qui parle anglais? Intéressant!
Cette organisation embauche des étudiants qui désirent parfaire leur anglais. Aider des jeunes à payer leurs études et apprendre davantage sur le Cambodge…cela nous convient.
Je dois vous avouer tout de suite que la ballade en vélo m’inquiète un peu. Je ne suis pas très habile sur un vélo même si j’en ai fait pas mal il y a plusieurs années. Déjà au Canada je ne suis pas très à l’aise dans une circulation dense. Ici, il y a moins de voitures mais il y a beaucoup de motos et de vélos. Une discussion avec le jeune homme qui nous reçoit à l’agence me rassure, une courte section du trajet se fera dans la ville mais aussitôt que nous atteindrons la campagne, nous suivrons des routes secondaires. Des enfants le font alors pourquoi pas moi? Et le trajet nous intéresse beaucoup. Nous prenons un rendez-vous pour le lendemain après-midi. Un tuk tuk nous prendra à notre hôtel. Une sortie parfaite pour le jour de Noël.
À notre arrivée, notre guide et sa stagiaire précisent l’ordre du jour et nous ajustons nos vélos. Je m’attends à me sentir insécure pour les premières minutes en vélo mais que tout devrait rentrer dans l’ordre aussitôt habituée à ma monture. La circulation m’inquiète plus…mais pas trop quand même. Les casques de vélo sont fournis ainsi que de l’eau, indispensable sous le chaud soleil d’après-midi..
La sortie de la ville est un peu ardue pour moi mais notre guide est extrêmement gentil et me rend la tâche facile. Les premiers kilomètres se font facilement et la chaleur se tolère bien à vélo. Nous passons à travers de petits villages mais je dois avouer que je n’ai pas trop le temps de regarder, toute mon attention est centrée sur la conduite du vélo. Les salutations fusent de partout. Mon amoureux adore le vélo et son sourire ne trompe pas. C’est Noël et la journée est belle.
Au premier arrêt, une petite entreprise de fabrication de papier de riz destiné à cuisiner des rouleaux de printemps. Les membres d’une famille nous attendent pour nous montrer leur savoir-faire.
Mon amoureux en profite pour troquer son casque de sécurité pour son bonnet de père Noël. Avec sa barbe blanche il a vraiment la tête de l’emploi et il s’amuse!
Une des femmes m’offre de participer au processus et de placer les feuilles de riz sur une grille qui sera ensuite exposée au soleil pour le séchage. Après quelques essais j’y arrive sans mal. Il me reste à prendre de la vitesse. Notre guide précise que c’est un travail effectué par les femmes en raison de son aspect routinier. Je fronce un peu les sourcils mais je n’ajoute rien.
À regarder les femmes travailler, je me dis que les mouvements répétitifs doivent quand même laisser des traces sur le corps, surtout quand on voit la quantité impressionnante de feuilles qui sont fabriquées chaque jour! Une famille vit en partie des revenus de ce petit commerce.
Au deuxième arrêt, nous rencontrons une femme qui opère un commerce de bananes séchées. Les petites bananes sont pelées et tranchées dans le sens de la longueur puis étendues sur un grand plateau métallique qui sera placé au soleil pour le séchage. Les tranches de fruits séchés sont ensuite grillées et leur goût devient un peu plus sucré.
Cette famille exploite aussi une rizière et vit dans une maison traditionnelle de bois. Les habitants dorment à l’étage supérieur alors que le rez- de-chaussée demeure sur la terre battue. Nous y retrouvons la cuisine, une table pour les repas, un hamac. Cet espace sert aussi d’entreposage pour les outils et la moto. Il y fait plus frais qu’à l’étage et la famille y passe une grande partie de son temps. Pourquoi les chambres sont-elles à l’étage? En partie pour se protéger des animaux sauvages. Les serpents sont venimeux et les scorpions aussi.
Encore une fois Robert fait rire autour de lui avec son chapeau de père Noël!
Notre hôtesse accepte la prise de photo avec Robert ainsi accoutré mais avec un sourire en coin. Les enfants le regardent avec les yeux ronds…Noël n’est pas une fête connue de tous les Cambodgiens. Ils ne la fêtent pas, même si des décorations de Noël sont visibles partout en ville. C’est pour les touristes. Et pour les quelques expatriés qui vivent au Cambodge.
Nous continuons notre route vers la distillerie de vin de riz. Le travail est terminé pour la journée mais le propriétaire vient quand même nous rencontrer pour expliquer le processus de fabrication de son alcool. Il veut bien nous montrer l’ensemble des ingrédients qu’il utilise mais les quantités restent secrètes, de même qu’un ingrédient mystérieux qui ferait toute la différence selon lui. Il invite le père Noël à goûter au produit fini, bien sûr!
Nous arrivons près d’une fabrique qui produit une pâte de poisson, l’odeur ne trompe pas et notre guide annonce en riant que cette visite n’a pas besoin de présentation. J’ai beaucoup de respect pour tous ces travailleurs qui gagnent leur vie en travaillant dans cette petite entreprise. L’odeur est difficile à supporter et les conditions d’hygiène déplorables. Malgré tout, nous avons été reçus par des salutations bien senties et de grands sourires. À la fin, personne de notre groupe n’est fâché de se remettre en route! Même le père Noël! Pourtant il adore les marchés de poisson, vous le savez bien…
La ballade en vélo se poursuit dans les rires et la bonne humeur. Mon amoureux attire partout l’attention avec son chapeau de père Noël et les rires fusent sur notre passage. Les motos ralentissent pour le saluer. Personne ne peut lui résister, son grand sourire heureux a son charme et tout le monde le salue. Quel beau Noël pour nous!
Nous arrêtons chez une famille qui fabrique des nouilles de riz de façon artisanale. La production est aussi terminée pour la journée mais tout le processus nous est expliqué et nous goûtons à une soupe préparée à notre intention avec des nouilles de riz fraîches, attablés au bord de la route.
Nous arrêtons finalement à l’endroit où nous devrions déguster des gâteaux de riz. Nous sommes trop tard. Là aussi c’est terminé. Nous avons mis trop de temps pour notre tournée et la noirceur commence à s’installer. Je demande à notre guide d’appeler un tuk tuk, je suis fatiguée. Pas en raison de la randonnée, elle est facile. Plutôt en raison de la peur qui ne m’a jamais quittée. Toute mon énergie a été concentrée à contrôler mon vélo et je ne me suis pas sentie en sécurité sauf dans les sentiers que nous avons empruntés à l’occasion. D’autant plus que j’ai chuté lors d’un arrêt. Une chute sans conséquence, sauf quelques égratignures et peut-être quelques bleus, mais qui illustre bien mon manque d’habileté. Il fait de plus en plus noir et je sais qu’il est plus sage pour moi de déclarer forfait. Ça va, je m’assume. C’est donc en tuk tuk avec mon vélo que je termine la randonnée alors que les autres nous suivent dans un sprint final.
Est-ce que je recommande cette visite? Sans aucun doute. Le matin de préférence afin que tous les commerces visités soient en opération. Pour la ballade en vélo à travers les villages, les rencontres avec les gens, pour la belle campagne. Robert, et son sourire ne trompent pas. C’est une journée réussie. Quant à moi, je me remettrai au vélo dès la prochaine occasion. Soyez-en assurés!
Quel beau père Noël tu fais. C’était vraiment intéressant vos petites visites et votre randonnée en vélo quelquefois pénible. Une belle balade!
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Tu as raison Suzie, mon amoureux fait un très beau père Noël! Il est très crédible avec sa barbe blanche…En ce qui concerne le vélo, mes difficultés sont uniquement dues à mes limites personnelles. Mais je ne veux pas laisser la crainte m’arrêter. La vie est trop courte pour cela! C’est un plaisir de te savoir avec nous. À la prochaine!
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Faut avoir le pied marin et ne pas souffrir du mal de mer pour demeurer sur le Tonlê Sap . Quelle belle leçon d’humilité pour nous .
Père Noël en bicyclette ….c’est drôle . JaRo
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