Chichen Itzà, la quatrième visite pour mon amoureux. La troisième pour moi. Ce n’est pas mon site archéologique préféré mais j’y reviens toujours avec plaisir, autant pour admirer à nouveau ses merveilles, que pour voir les étincelles dans les yeux de mon amoureux. Nous aimons les vieilles pierres et leur histoire. Celles de Chichen Itzà sont classées au patrimoine de l’Unesco et valent amplement un arrêt. En nous promenant, le nez en l’air, nous essayons d’imaginer les constructions comme elles se dressaient à l’époque où la cité étaient habitée, ses murs recouverts d’un stuc lisse, peint de couleurs vives, les habitants vacant à leurs obligations ou pratiquant des rituels pour plaire aux dieux. Des heures de rêveries et d’émerveillement. Aujourd’hui, le soleil est lumineux, la température agréable et vous nous accompagnez.
À notre entrée sur le site, El Castillo nous accueille, toujours aussi imposant sur un fond de ciel bleu. C’est dimanche après-midi, il y a foule. Les vendeurs ambulants sont nombreux, beaucoup plus nombreux qu’à notre dernière visite.
Un peu d’histoire? Peu d’écrits anciens existent au sujet de Chichen Itzà. Comme pour tous les sites, beaucoup d’inconnues et même des contradictions demeurent. Voici ce que j’ai pu récolter. Tout d’abord une ville Maya, fondée vers 415-435 de notre ère, elle devint un important lieu de pèlerinage au cours des siècles. Selon les recherches, elle aurait été abandonnée, puis de nouveau occupée jusqu’à l’arrivée des Toltèques, un peu avant les années 1000. Les nouveaux arrivants donnèrent à la cité un nouvel essor, mêlant les connaissances et les styles d’architecture avec ce qui existait déjà. Une nouvelle partie de la cité fut construite.
Vous comprenez maintenant notre fascination pour ces sites archéologiques. Des cités entières, chargées d’histoire et de secrets, abandonnées parfois pour des raisons nébuleuses. Nous sommes éblouis par les connaissances et l’ingéniosité de ces peuples anciens. Une belle leçon d’humilité.
Lors de notre première visite, il y a plusieurs années, nous avons pu escalader la fameuse pyramide de Kukulkan, appelée aussi El Castillo. Aujourd’hui, c’est interdit. L’énorme construction n’en est pas moins majestueuse même si elle nous apparaît toute simple. Elle fait maintenant partie des sept merveilles du monde. Selon les experts, l’édifice serait en réalité un calendrier Maya. En comptant les marches sur ses quatre faces ainsi que la dernière qui mène au temple tout en haut, le compte fait tout juste 365! Aux équinoxes du printemps et de l’automne, au coucher du soleil, un serpent apparaît sur les pierres le long des escaliers qui mènent en haut de la pyramide, à partir de la tête de pierre que l’on peut apercevoir aux pieds des escalier jusqu’à sa queue tout en haut de l’édifice. Nous n’avons jamais eu l’occasion d’observer le phénomène, mais je suis impressionnée tout de même. Pour compléter la magie, nous savons maintenant que la pyramide est construite sur un cénote, une réserve d’eau souterraine. L’eau était une denrée rare dans la péninsule du Yucatan, ces réserves d’eau étaient nécessaires à la survie du peuple. Il est probable d’ailleurs que la pénurie d’eau ait précipité la chute de certains de ces empires.
Derrière El Castillo, nous retrouvons le Temple des guerriers et juste devant, le Temple des mille colonnes. Autrefois, les édifices devaient être recouverts de toits construits de matières malheureusement dégradables. Il ont disparu depuis longtemps, ne laissant que les pierres des murs et les colonnes. Un marché s’y tenait vraisemblablement, tout près. Là non plus, nous ne pouvons désormais plus entrer et nous promener entre les colonnes. Les Mexicains savent comment protéger leur patrimoine et le nombre de visiteurs annuellement justifie certainement ces mesures de protection. De loin, je peux encore apercevoir le Chac Mool, le dieu de la pluie Maya, placé tout en haut de l’escalier menant au temple des guerriers. Les offrandes étaient déposées sur son ventre. Les sacrifices humains ont eu lieu à Chichen Itza, impossible d’en douter. J’ai lu que ces rites auraient été introduits par les Toltèques, un peuple plus guerrier.
Pour ma part, je préfère El Caracol, cet édifice en forme circulaire qui servait d’observatoire. Des ouvertures permettaient d’observer certains astres plus spécifiquement. Quatre portes sont ouvertes sur les points cardinaux. Cela m’impressionne, car l’on parle ici d’une construction des environs de l’an 1000!
Puis nous dirigeons vers le jeu de balle. El jugeo de pelote, populaire à travers les siècles. Chichen Itza possède le plus grand des terrains dédiés à cette activité en mésoamérique. Des inscriptions anciennes décrivant des scènes du jeu y sont encore déchiffrables sur un des murs.Toutes les cités possédaient un ou plusieurs de ces terrains de jeux, selon leur importance. Chichen en possédait plusieurs. La balle, en matériau dur, pouvait peser plusieurs kilo. Les joueurs devaient arrêter et projeter la balle avec leurs hanches, leurs bras, sans se servir de leurs mains. Malgré les protections sur certaines parties du corps, il est facile d’imaginer l’effet d’un coup de balle sur les parties exposées. Sur le terrain, l’acoustique est impressionnant, les bruits des coups et des cris devaient être décuplés. Le sort du perdant ou du gagnant n’est pas clair et semble dépendre de plusieurs paramètres. Par contre, nous savons que sous le règne des Toltèques, il y aurait eu des mises à mort, mais l’histoire ne décrit pas si s’agissait du capitaine de l’équipe perdante ou peut-être même de celui de l’équipe gagnante…
Nous terminons notre visite en empruntant le sacbé, un chemin ancien qui mène vers le Cenote Sagrado, où des offrandes étaient jetées pour faire plaisir aux dieux.
Le site est changé depuis notre dernière visite, mais la magie opère encore.
Nous devons quitter maintenant, car nous dormons à Mérida. Il y aura d’autres sites archéologiques, c’est une promesse. Ils sont tous différents mais leur ambiance est magique.