Rameswaram ou l’île oubliée

Quand nous planifions notre prochaine destination, nous décidons avec l’information qui est à notre portée. Parfois elle est bien incomplète ou porte à confusion. Parfois l’exercice ressemble presque à un coup de dés.

Cette fois-ci, notre questionnement est Rameswaram pour son temple réputé et aussi parce que c’est l’endroit où le golfe du Bengale et l’océan Indien se rencontrent. Le temple de Ramanatha Swami et la ville construite autour sont reconnus pour la ferveur des pèlerins qui se rendent à cette ville sainte, souvent comparée à Benarès. Pour les Hindous, il est bon de venir y prier au moins une fois dans sa vie et de se baigner dans la mer près du temple Agni Theertham. Un reportage à ce sujet nous avait touchés et nous nous étions dit que si l’occasion se présentait, nous irions visiter ce lieu sacré. Selon l’histoire Hindou, c’est là que Rāma est venu se purifier après avoir tué le démon Rāvana. Celui-ci avait kidnappé sa femme Sitā. Cet épisode de la vie de Rāma est parfois racontée par le biais de danses et nous avons eu la chance d’y assister à Bali et à Bangkok.

Rameswaram accueille des pèlerins mais presque pas de touristes et cela nous plaisait. Nous avons bouclé nos bagages et pris le train.

Rameswaram est construite sur une île et pour traverser le détroit, le train avance tout doucement sur la voie ferrée et nous avons l’impression de naviguer. Il y a de l’eau de chaque côté! Imaginez un train qui avance entre ciel et mer…

Mais graduellement la réalité a refait surface. L’Inde a la mauvaise réputation d’être extrêmement sale. Effectivement, il faut avouer qu’elle mérite sa réputation malgré les efforts que je vois poindre, tranquillement. Habituellement nous réussissons à nous en accommoder car l’Inde a tellement d’autres qualités!

Mais sur l’île et particulièrement à Rameswaram, le spectacle est saisissant. De grandes étendues de déchets s’étalent un peu partout et l’odeur est intense. Après avoir déposé nos bagages à l’hôtel, nous avons décidé d’explorer les alentours. Une forte odeur de poisson planait sur le village et ses rues animées. Le village de pêcheurs juste à côté est réputé pour son poisson séché et cela se sentait!

Comme le coucher du soleil approchait nous nous sommes dirigés vers la mer. L’odeur était de plus en plus forte. Nous avons croisé des pèlerins entièrement trempés qui retournaient vers le temple Ramanatha Swami laissant des traces de pas mouillés derrière eux. Plus nous approchions de la plage, plus l’odeur forte nous prenait à la gorge. Il faut dire que la plage est sale et que des animaux en liberté se promènent à leur guise. Un homme s’affairait à racler les déchets que ces animaux laissaient derrière eux. Nous ne savions où poser les pieds pour éviter les excréments et les déchets, de grands oiseaux noirs fouillaient les poubelles débordantes pour trouver des restes à se mettre sous le bec. Et des pèlerins qui se baignaient dans la mer concentrés sur leur rituel. En effet cela nous a rappelé Benarès mais à plus petite échelle. Et en plus sale. Mendiants et prêtres, passants de toutes les sortes remplissaient les rues, extrêmement vivantes. Tous nous ont semblé insensibles à l’état des rues et à l’odeur.

Le lendemain nous avons visité le temple. Il est en rénovation et nous n’avons pu apprécier toute sa beauté habituelle mais nous avons marché lentement à l’intérieur, histoire d’essayer de comprendre. Le sol est mouillé partout et très glissant pour nos pieds nus. Plusieurs sources d’eau appelées Theertham sont disponibles et les pèlerins se présentent, chacun leur tour pour être purifiés par cette eau qu’un homme puise dans le puits à l’aide d’une petite chaudière et leur verse sur la tête. Il y a plus de vingt Theertham.  Je ne peux vous expliquer la différence entre eux mais je crois que chacun a un sens particulier. J’ai compris aussi pourquoi les gens se promenaient avec des sacs à la main, c’étaient leurs vêtements secs. Des salles sont prévues pour se changer à la fin de la visite.

Je sais que ce que je vous raconte est bien loin des croyances et des valeurs de plusieurs d’entre vous, je vous demande de ne pas juger ni de génėraliser mais juste entendre qu’ailleurs les gens ont des rituels différents. Et que c’est un privilège de pouvoir les observer. Nous ne comprenons pas toujours mais je puis vous assurer qu’une forte énergie se dégage de ces endroits sacrés pour les Hindous.

Pour le reste de la visite à Rameswaram l’exploration des autres temples de la ville et des environs s’imposait, nous l’avons fait en auto richshaws bien sûr! Nous sommes allés presque au bout de l’île vers Dhanushkodi, un long bras de sable qui pointe vers le Sri Lanka, en longeant la mer d’un vert magnifique. Il faisait beau, il faisait chaud. Le vent dans les cheveux et les pieds dans l’eau nous avons marché en présence des indiens venus s’amuser eux aussi.

L’espace d’un moment, nous avons oublié la pauvreté de Moonram le village de pêcheurs tout près et l’état de délabrement de certaines sections de Rameswaram. Un cyclone a dévasté Dhanushkodi au bout de l’île il y a plusieurs années et rien n’a été reconstruit.

Malgré tout, la ville de Rameswaram est très vivante et les contrastes frappants. Une extrême pauvreté et des saris ornés de dorures scintillantes. Des petits enfants presque nus qui font leurs besoins dans la rue et des étudiants qui reviennent de l’école bien mis dans leur habits scolaires, des personnes qui font leurs emplettes et des mendiants qui quêtent leur nourriture parmis des travailleurs qui rentrent à la maison et les commerçants qui s’apprêtent à recevoir les clients pour souper.

Mais on ne s’attarde pas à Rameswaram et il n’y a pas d’endroit pour s’y détendre sauf de petits bancs de plastique devant les échoppes des marchands pour déguster un thé ou savourer la cuisine de rue. C’est un peu comme une île oubliée…sauf pour les pèlerins…

Une réponse à “Rameswaram ou l’île oubliée

  1. Quand les hommes vivront d’amour,,, Il n’y aura plus de misère et commenceront de plus beaux jours… Qu’aurons-nous donc fait mon frère???
    Nous aimons.

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